Comment gagner de l’argent grâce à la propriété industrielle ?

27/04/2022
Pourquoi ne rien faire en matière de propriété intellectuelle est risqué pour un dirigeant ? Brevets, certificats d’utilité, marques, dessins et modèles, secret pour les savoir-faire ... : comment ces outils peuvent aider les créateurs, innovateurs, entrepreneurs, chefs d’entreprises à protéger et faire croitre leur entreprise ? Réponse avec François-Xavier de Beaufort, directeur de l’action économique à l’INPI et modérateur de la table ronde « Souveraineté et PME : la PI au service de la relance pour les PME », lors de la conférence internationale sur la PI organisée par l’INPI.
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François Xavier de Beaufort, lors de la conférence internationale sur la PI organisée par l’INPI à l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, vous étiez le modérateur de la table ronde « Souveraineté et PME : la PI au service de la relance pour les PME ». En quoi la propriété industrielle favorise la croissance et le dynamisme des entreprises européennes ?

 

François-Xavier de Beaufort : Les études récentes menées au niveau européen montrent que les entreprises utilisant les outils de propriété industrielle (PI) sont plus performantes que celles qui n’en utilisent pas. Ce constat est encore plus flagrant s’agissant des PME. Dans toute activité, si le terrain n’est pas balisé et si les règles ne sont pas clairement définies, il est compliqué d’avancer. La propriété industrielle doit être perçue comme une assurance vie pour l’entreprise et surtout un centre de profits incontournable.

En effet, les outils de PI peuvent favoriser la croissance d’une entreprise en étant utilisés comme sources d’informations scientifiques, d’appropriation des savoirs et de créativité, outils d’exclusion et de différenciation des produits, de communication, de dissuasion et de déminage, comme actifs valorisables et d’intelligence fiscale ou encore comme moyens de négociation favorisant par exemple les échanges de technologies ; ils peuvent aussi être générateurs de flux financiers (via des licences), enfin ils peuvent également être utiles comme outil de reconnaissance des salariés créateurs.

J’ajouterais que je ne connais pas beaucoup d’entreprises leaders dans leur domaine de technologie qui n’auraient pas de stratégie de propriété industrielle.

 

 

Lors de cette table ronde, les entreprises OVH et Lactips ont témoigné de l’importance d’intégrer une stratégie en propriété industrielle dans la stratégie d’entreprise. Quels outils l’INPI met-il en œuvre pour accompagner les start-up, les PME dans le développement d’une stratégie PI ?

 

F-X de B. : Au-delà de l’activité d’examen et de délivrance des titres de propriété industrielle, l’INPI soutient les start-up, PME et ETI dans leurs démarches de protection et de valorisation de leurs innovations. L’INPI a choisi de mener une politique proactive de pédagogie pour convaincre les entreprises que la valorisation de leur innovation par la propriété intellectuelle leur permet de gagner en compétitivité.

Pour être en capacité de bien appréhender la propriété intellectuelle, son impact financier et son exploitation, les entreprises innovantes et les acteurs de l’innovation moins outillés et moins experts dans ce domaine, disposent de « Coaching INPI ». Il s’agit d’un accompagnement personnalisé, et des prestations à valeur ajoutée, prises en charge par l’INPI ou à coût modéré, cadencées au rythme de leur développement.

Ce continuum de soutien à l’entreprise débute par un état des lieux des pratiques en propriété intellectuelle pour élaborer une feuille de route opérationnelle des actions à mener en PI.  Il peut se poursuivre par des services spécifiques et des financements d’actions ciblées réalisées avec les professionnels de la PI « PASS PI ».

L’INPI met en effet à la disposition des entreprises, PME et start-up, 180 collaborateurs experts en PI, répartis en France et à l’international.

Ensemble ils accompagnement, soutiennent les entreprises dans leurs projets d’innovation et d’internationalisation et effectuent des prestations sur mesure.
Plus spécifiquement, à l’international, dix Conseillers régionaux en propriété intellectuelle (CRPI), hébergés dans les Services économiques des Ambassades de France à l’étranger, couvrent les besoins et les enjeux économiques français liés à la propriété intellectuelle.
La collaboration étroite de l’INPI avec différents partenaires permet la mise en relation avec les acteurs incontournables de l’écosystème de l’innovation et de la propriété intellectuelle, pour disposer des appuis nécessaires au succès des projets d’innovation.

 

Quel conseil PI donneriez-vous à un dirigeant de PME ?

 

F-X de B. :D’appliquer la méthode suivante : a) Comprendre, b) se protéger, c) valoriser !

a)    Cela passe par une veille active et peut-être un benchmark à réaliser pour commencer, afin d’identifier les besoins et adapter la stratégie PI à adopter ensuite. Ne pas hésiter à se faire accompagner par des professionnels.

b)    Tout comme un père ou une mère de famille qui fait le maximum pour équiper, protéger et préparer son enfant pour le mettre dans les meilleures conditions afin de réussir au mieux en toute circonstance, un dirigeant de PME doit s’employer pour équiper, protéger et préparer son entreprise en matière de PI. Sans cela c’est comme envoyer son jeune enfant à l’école sans trousse dans le cartable ni goûter pour s’alimenter. La comparaison est peut-être simpliste mais elle illustre que sans protection de son innovation par des titres de propriété industrielle, une PME ou une start-up part avec un lourd handicap.

c)    Pour le dirigeant d’entreprise, déployer et valoriser une stratégie de PI doit être un réflexe ; ne rien faire en la matière est suicidaire. C’est la clé qui active la serrure de la porte du monde concurrentiel dans lequel évolue toute entreprise : il ne faut jamais l’oublier, mais au contraire l’utiliser, l’activer et l’intégrer comme un ustensile du quotidien. La PI est un indispensable dont le dirigeant responsable ne doit plus se poser la question de savoir s’il la prend ou pas, cela doit finir pas être acquis dans son esprit et donc dans celui de ses collaborateurs.

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