Deux questions à Emilie Gallois, responsable du pôle prospection et prestations à la Direction de l’Action Economique de l’INPI, qui anime le webinaire sur la stratégie brevet le 13 décembre 2021  :

Axess Vision Technology parle de stratégie défensive. Quelle est la différence entre une stratégie défensive et offensive ?

Emilie Gallois : Un brevet constitue un « droit d’interdire ». On parle de stratégie défensive lorsqu’on souhaite se prémunir du risque qu’un tiers nous interdise l’exploitation d’une innovation. Le dépôt d’un brevet sert alors à constituer un moyen de défense en cas d’attaque de la concurrence, voire à la décourager. Dans ce contexte, un management optimal de la PI passe par la mise en place de veilles technologique et concurrentielles afin d’identifier les menaces, pour mieux sécuriser les actifs PI de l’entreprise (savoir-faire, innovations technologiques et design). Cette stratégie doit aussi être mise en place en vue de travaux collaboratifs, en amont des négociations, avec les partenaires potentiels (entreprises et organismes publics de recherche…).
La stratégie offensive a pour objectif la conquête de nouveaux marchés et des actions de blocage de la concurrence (empêcher un tiers d’utiliser une technologie ; de breveter une innovation similaire). Une pratique courante consiste à développer un maillage de brevets couvrant tous les aspects d’une innovation, certains aspects étant quant à eux des savoir-faire au secret.

Comment l’entreprise doit-elle choisir la stratégie PI adéquate ?

E. G : La stratégie PI doit être alignée sur la stratégie globale de l’entreprise. En pratique, il faudra penser à verrouiller les marchés clés de l’entreprise, sur les territoires où se trouvent ses clients, ses concurrents, ses fournisseurs et ses distributeurs. En effet, l’un des enjeux pour une entreprise est de s’assurer la liberté d’exploiter sa technologie ou ses produits.
Cela doit passer par :

• une vérification systématique de l’art antérieur,
• le dépôt de brevet (s’il est possible de reconstituer l’invention à partir du produit fini), sinon la formalisation d’un savoir-faire gardé secret par l’entreprise, et
• une veille permanente pour s’assurer du respect de ses droits.
   

Le système des brevets permet aussi d’alimenter le processus de R&D dans la mesure où il faut toujours garder une longueur d’avance pour se démarquer de ses concurrents. Enfin, vis-à-vis de sa clientèle et des investisseurs, les brevets sont un gage de qualité, il peut être tout à fait bénéfique d’en extraire des arguments de communication.