SECURE-IC : « Le brevet est un droit d’interdire la fabrication d’un produit »

Créée en 2010, Secure-IC est spécialisée dans la sécurisation des objets connectés et des systèmes électroniques embarqués. L’entreprise rennaise réalise 75 % de son chiffre d’affaires à l’étranger et est à la tête d’un portefeuille de 120 brevets répartis dans une trentaine de familles et d’une quinzaine de marques. Discussion croisée entre Philippe Nguyen, COO [chief operating officer] de Secure-IC et Vincent Carré, responsable du réseau international à l’INPI. Secure-IC fait partie des start-up présentes sur notre stand à Viva Technology cette année.

> Quelle place occupe la propriété intellectuelle dans le développement de Secure-IC ?

Philippe Nguyen : Dans le domaine technologique, la propriété intellectuelle est un élément fondamental de développement. Je regrette d’ailleurs qu’on ne soit pas assez sensibilisé à ces questions pendant les études scientifiques. Certaines start-up technologiques se lancent en pensant que leur solution est tellement en avance que cela va suffire pour tenir leurs concurrents à distance. Elles n’ont pas suffisamment conscience qu’elles peuvent être attaquées à tout moment : soit par des entreprises commercialisant des produits similaires et qui possèdent des brevets ; soit par d’autres acteurs économiques qui vont vouloir partager leur succès, c’est-à-dire exiger d’eux des royalties ! Il faut bien avoir en tête que le brevet est un droit d’interdire la fabrication d’un produit. Pour notre part, nous nous appuyons sur trois aspects de la propriété intellectuelle : le premier est défensif et nous permet de protéger notre activité de production. Le second, que j’appelle « patrimonial », constitue la valeur de notre portefeuille de brevets. Enfin, le troisième volet plus offensif correspond à l’activité de licensing que France Brevets mène pour nous. Il s’agit de repérer au niveau international les acteurs qui s’appuient sur des technologies sur lesquelles nous avons des droits puisque nous les avons brevetées. Ceci nous permet, via les royalties perçues, de valoriser nos brevets et d’amortir nos efforts en R&D qui sont conséquents.

Vincent Carré : En matière de propriété intellectuelle, il existe de nombreux outils et plusieurs options stratégiques qui présentent chacune leurs propres avantages. Une bonne politique de propriété intellectuelle se construit toujours en fonction du business model de l’entreprise. Elle doit être adaptée à sa stratégie de développement : qu’est-ce qu’elle vend ? Où ? Quels sont ses éléments différenciants ? C’est pour cela qu’il est important et utile de se faire accompagner, si possible par des acteurs complémentaires : INPI, conseils PI ou avocats, France Brevets. Lorsque nous avons rencontré Secure-IC, suite à son Pass French Tech, l’entreprise avait déjà des outils et une connaissance assez précise de la propriété intellectuelle. L’un de nos premiers sujets a été de travailler sur la marque aux Etats-Unis. Ensuite dans le cadre de notre Master Class INPI, la société à bénéficié d’un diagnostic poussé qui a débouché sur quatre coachings spécifiques. Dans la foulée, en partenariat avec Business France, nous avons partiellement financé trois études d’implantation en Inde, au Brésil et au Japon.

> Secure-IC réalise effectivement 75 % de son chiffre d’affaires à l’étranger ; quel rôle joue la propriété intellectuelle dans ce déploiement international ?

P.N. : Nous proposons des systèmes de sécurisation pour des circuits intégrés et des objets connectés qui circulent. Ils sont dessinés dans un pays, fabriqués dans un second, souvent assemblés dans un troisième pour être commercialisés dans un quatrième. Notre marché est par nature mondial. La protection de nos technologies, qui passe principalement par des brevets, est essentielle. Plus on se promène hors de chez soi, plus il faut être protégé ! Avec les conseils de l’INPI et de France Brevets, nous avons affiné nos stratégies en fonction des pays, qui peuvent être ceux dans lesquels circulent nos produits ou bien ceux dans lesquels nous les commercialisons.

V.C. : Lorsqu’on se déploie à l’international, il est important de s’appuyer sur des expertises de terrain. Des spécialistes qui connaissent les règles du jeu, les écueils à éviter, et les divers paramètres à affiner. Les coûts d’une protection internationale ne sont pas négligeables. Il faut donc une couverture ciblée et rationnelle, à intégrer dès le démarrage du projet dans les budgets de R&D. Dans cet objectif, le réseau international de l’INPI accompagne au plus près les opérateurs économiques. C’est le cas pour Secure-IC, par exemple aux Etats-Unis où nous avons permis une participation à la French Touch Conférence de New-York ou encore en Asie et notamment Singapour où notre Conseiller en propriété intellectuelle suit de très près les évolutions de l’entreprise.