Siège de Liffol : retour sur la première indication géographique
- Pouvez-vous nous rappeler dans quel contexte vous vous êtes lancés dans la démarche d'homologation de l’indication géographique siège de Liffol ?
Anne Thireau-Gerard : Le siège de Liffol est un savoir-faire propre à notre région, à notre histoire, que nous avons toujours voulu protéger et valoriser. Dès que ça a été rendu possible par le gouvernement*, le pôle d’animation de la filière ameublement décoration du Grand Est a donc naturellement pris l’initiative de lancer la démarche d’homologation de l’indication géographique siège de Liffol, le 7 novembre 2015.
Pendant près de six mois nous avons organisé des rencontres régulières avec une vingtaine de chefs d’entreprise de la région. La rédaction du cahier des charges peut a priori sembler compliquée, mais finalement cela ne l’est pas tant que ça : nous avons décrit les étapes de fabrication du siège et nous sommes mis d’accord sur les techniques différenciantes, qui font l’authenticité et la particularité du siège de Liffol. Nous avons également demandé des conseils à un ingénieur qui était en charge de rédiger le dossier. Il a été tout au long de la démarche en lien avec l’INPI pour s’assurer que nous avancions bien dans la bonne direction et que nous répondions aux impératifs légaux du dispositif.
L’objectif de cette démarche était la reconnaissance auprès du grand public. Que lorsqu’on parle du siège, les gens pensent à Liffol. Pour les entreprises, l’objectif était aussi économique, car un label est un gage de qualité et d’authenticité pour l’acheteur.
Le dossier a été déposé à l’INPI le 15 avril 2016 et, après l'instruction par l'INPI et une enquête publique, l’indication géographique siège de Liffol a été homologuée le 2 décembre 2016.
Aujourd’hui, neuf entreprises ont obtenu ce label, ainsi que l’AFPIA, un centre de formation et d’apprentissage qui forme aux 23 étapes de fabrication imposées pour l’obtention du label.
- Seuls une association ou un syndicat professionnel, regroupant de manière représentative les opérateurs concernés (artisans ou entreprises), peuvent déposer une demande d’homologation. Cette demande contient notamment un cahier des charges décrivant précisément chaque étape de fabrication.
- L’INPI instruit le dossier et mène l'enquête publique.
- L’institut délivre ou non l’homologation. C’est le collectif qui a déposé la demande qui se voit déléguer la défense et la gestion de l’indication géographique.
- Une fois l’homologation délivrée, chaque opérateur souhaitant pouvoir bénéficier de l’indication géographique doit être audité par un organisme externe, pour vérifier qu’il répond bien à l’ensemble des critères du cahier des charges.
- Chaque opérateur est ensuite contrôlé à intervalle régulier, pour vérifier qu’il respecte toujours le cahier des charges.
- Depuis votre homologation, vous avez ouvert un showroom, réalisé une campagne de publicité télévisée, ... Pouvez-vous nous parler de ces différents projets ?
A.T-G : Depuis notre homologation, nous avons été invités à de nombreux salons, notamment régionaux (Langre, Nancy, Reims, etc.) pour mettre à l’honneur nos sièges et notre savoir-faire.
En juin 2019, nous avons effectivement ouvert un petit showroom à Liffol-le-Grand. Il y a beaucoup de fabricants dans la ville, mais nous n’avions rien à montrer aux visiteurs, les usines étant fermées le week-end. On ne voyait finalement pas que Liffol était la ville du siège et il était important d’afficher notre signature. Mais nous voyons plus loin et espérons que ce showroom deviendra un jour un musée.
Toujours dans cette même logique de se montrer, de se faire connaître et de faire vivre le label, nous avons récemment lancé une campagne publicitaire télévisée. Une campagne de publicité offre une excellente visibilité et compte-tenu du confinement dans le contexte du Covid-19, nous avons bénéficié d’importantes audiences, bien plus que ce qu’on s’imaginait.
Mais devenir une référence auprès des consommateurs est un travail de longue haleine et d’autres projets vont être menés pour atteindre cet objectif.
- Que vous a apporté le label Indication géographique siège de Liffol ?
A.T-G : Nous avons été les premiers à obtenir une indication géographique et de ce fait, nous avons bénéficié de nombreuses communications et retombées presse. Notre homologation nous a donc principalement apporté de la visibilité, mais grâce à ça, nous recevons également plus de demandes.
Le label donne par ailleurs de la fierté aux salariés et aux chefs d’entreprises du secteur. Nous sommes passés dans les médias et avons présenté un de nos sièges au Président de la République de l’époque. On parle davantage de nous, de notre métier, de nos créations. C’est une vraie reconnaissance. D’ailleurs, de plus en plus de jeunes s’orientent et veulent se former à nos métiers.
Depuis le lancement de la campagne de publicité, nous avons également davantage de visites sur Instagram et sur notre site internet. Les noms de nos entreprises circulent plus.
- Vous avez été la première indication géographique à être homologuée, il y a maintenant 3 ans. De par votre expérience et votre recul, quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent se lancer ?
A.T-G : Il est important de s’associer à des personnes extérieures, ainsi qu’aux élus locaux pour qu’ils prennent part au projet.
Mais surtout, je leur conseille de se lancer. Plus il y aura d’indications géographiques, de secteurs labélisés, plus les gens sauront de quoi il s’agit et se tourneront vers ces produits. Car une indication géographique c’est plus de sécurité, de garantie, c’est made in France.
* La loi dite « consommation » de mars 2014 (décret d’application du 2 juin 2015) a élargi les indications géographiques aux produits manufacturés. Auparavant, seuls les produits agricoles et viticoles pouvaient bénéficier d’indications géographiques