PKvitality : à l’heure d’une révolution glycémique
Décrivez-nous votre activité en quelques mots ?
Luc Piérart : Nous sommes une entreprise spécialisée dans le bio-wearable (technologie portable à base de capteur biochimique) et développons un appareil de mesure de la glycémie en continu via une montre connectée : la K’Watch Glucose. Il est indolore, invisible pour les autres et permet au patient diabétique de vérifier discrètement son taux de glucose et d’être alerté par une vibration au poignet en cas d’épisodes d’hypo et d’hyperglycémie à venir. Et cela grâce à ses multiples capteurs piquant légèrement dans le liquide interstititel*. Notre produit est innovant car aujourd’hui dans le domaine du contrôle de la glycémie, 98% du marché est occupé par des glucomètres sanguins et les 2% restant par des patchs. Ceux-ci, apparus il y a une dizaine d’années, sont une vraie avancée car ils limitent le nombre de piqûres et sont continus, mais étant visibles, il restent stigmatisants. Notre produit est une révolution : nous sommes les seuls à le proposer et les grands du secteur s’intéressent à nous car le marché du diabète est énorme. Leurs solutions ne sont pas aussi performantes : en restant dans le domaine du non-invasif, ils n’ont pas trouvé de technologie qui permet de bien repérer les cellules de glucose, notamment en cas d’hypoglycémie. Notre technologie repose, quant à elle, sur de mini-pointes qui sont, certes, invasives, mais de manière minimale, restant en surface de peau et de ce fait, sans douleur.
Comment avez-vous construit et articulé votre politique Propriété intellectuelle ?
L.P. : La Propriété intellectuelle est une condition essentielle à la prise de valeur d’une entreprise medtech. Il est très important de protéger ses innovations, d’autant plus lorsqu’ on intervient dans un domaine qui attire les plus grands. Nous avons ainsi déposé des brevets qui portent sur les différentes innovations de la montre, le boîtier en lui-même, le bracelet, les aiguilles, etc. J’ai passé des nuits blanches à « éplucher » plus de 1000 brevets portant sur des innovations de bio-wearable mais aussi sur le glucose. Développer des brevets, c’est une chose, mais il ne faut pas enfreindre la liberté d’exploitation des autres brevets. Tenir compte des innovations existantes nous a permis d’affiner la conception de notre montre et surtout de nous assurer une future exploitation sereine. Mieux vaut prendre ce temps en amont plutôt que d’essuyer une impossibilité d’exploitation ou à minima devoir payer des licences. Agir ainsi est assez inhabituel, surtout à notre stade. Les investisseurs rencontrés dans le cadre des levées de fonds, sont d’ailleurs souvent surpris, mais aussi rassurés, car il est important pour eux d’être sûrs qu’il n’y aura pas de souci ultérieurement.
Comment faites-vous vivre votre portefeuille de brevets ?
L.P. : Nous avons déposé un premier brevet en 2016 puis sept en 2018. Nous visons l’Europe, la Chine et les États-Unis, là où il y a le plus de compétiteurs dans notre domaine. Nous allons déposer une trentaine de nouveaux brevets, certains portent sur des avancées technologiques, d’autres servent à miner le terrain autour de notre montre. Nous sommes actuellement en essais pré-cliniques (in vitro et in vivo animal) afin d’obtenir les certifications nécessaires pour démarrer les essais cliniques (sur homme) qui représentent la prochaine étape majeure. Pour financer cette ultime étape, nous sommes en pleine levée de fonds afin d’obtenir un montant d’environ de plusieurs millions d’euros. La mise sur le marché est prévue en 2022.
*Ce liquide remplit l’espace les capillaires sanguins et les cellules.