Sport et innovation : le duo gagnant
Parc des Princes, stade Jean Bouin, salle de Coubertin, Roland Garros... la capitale française abrite plusieurs enceintes sportives de renommée internationale. Une opportunité de créer des emplois et entreprises innovantes dans le domaine du sport que la Maire de Paris, Anne Hidalgo, avait soulignée dans son programme électoral. C'est Benjamin Carlier, le responsable du Tremplin, qui a depuis mené la mission à bien. Courant 2014, il définit le projet, recherche des partenaires et commence à repérer des start-up pour évaluer la pertinence du projet. Le 25 novembre, il en a la confirmation : « Nous avons à cette date officiellement ouvert Le Tremplin et lancé nos appels à candidature auxquels plus de 100 start-up ont répondu. À cette époque, personne n'aurait même su dire combien il en existait ! » se souvient Benjamin Carlier. 17 ont été sélectionnées pour intégrer l'incubateur. Les critères ? Des start-up en amorçage ou en phase de décollage, soit déjà capables de gagner de l'argent dans l'année : « Nous ne cherchions pas des idées mais des entreprises capables de lever des fonds », précise le responsable de la structure. Elle propose quatre types d'« accompagnement » au sens large : individuel (coaching et suivi) ; collectif (ateliers et conférences) ; mise en relation avec des partenaires et industriels ; et enfin elle sert en quelque sorte de « label » pour contribuer au rayonnement des entreprises.
Un modèle inédit au niveau mondial
Plusieurs délégations sont venues d'Australie, des Pays-Bas ou encore de Los Angeles pour s'intéresser à cet incubateur inédit au niveau mondial. Car l'opportunité de lier emplois, profits et sport en intéresse plus d'un. Quand on demande à Benjamin Carlier quels sont les atouts de la France pour prendre le leadership en la matière, la liste est longue : « Il fait bon entreprendre et innover en France, nous avons un écosystème favorable. Nous sommes bons en maths et en innovation mais aussi dans de nombreux sports. Nous sommes le 5e ou 6e pays olympique. Sans oublier les grands événements sportifs internationaux que nous abritons comme Roland Garros ou le Tour de France. Nous avons tout ce qu'il faut pour compter.» L'enthousiaste responsable du Tremplin précise aussi que la structure a permis de secouer le milieu institutionnel du sport, plutôt ancré dans ses habitudes. D'autant que le sport n'est pas spontanément pris au sérieux quand il s'agit de parler de développement économique. « Je crois que nous avons décomplexé pas mal d'acteurs en fait », conclut-il. En 2015, une deuxième promotion de 19 start-up a intégré les nouveaux locaux du Tremplin à Jean Bouin. Et un premier bilan encourageant a été établi en avril 2016 : 45 emplois ont été créés, 12 millions d'euros levés et le chiffre d'affaires de l'ensemble des start-up a atteint 1,8 million d'euros.
Quatre terrains d'innovation
Quant aux types d'innovation que proposent les start-up du Tremplin, Benjamin Carlier les classe globalement en quatre grandes catégories : 1/ L'innovation technique et l'amélioration des performances sportives. On citera ici par exemple Mac-Lloyd qui intègre le big data dans le sport professionnel via la récupération de données vidéos, physiologiques, de mouvements ou de position des athlètes pour améliorer leurs performances. 2/ L'innovation dans l'économie et le « sport spectacle » comme la billetterie et l'expérience des spectateurs. Tech'4'Team par exemple propose des solutions technologiques pour rentabiliser les billets en les vendant au juste prix. 3/ Les innovations autour des objets connectés ne sont évidemment pas en reste. Connected Cycle par exemple des solutions de géolocalisation (contre le vol) et de suivi d'activité (performance) dans le cyclisme. 4/ Enfin, le dernier sujet majeur concerne les plateformes et innovations digitales de service. Ainsi Running Heroes est un site Internet qui – grâce à des partenariats avec des marques – encourage et valorise les coureurs en leur faisant bénéficier de cadeaux et avantages au fur à mesure des kilomètres parcourus. Mais les exemples sont légion et les champs d'application encore très ouverts. Pour Benjamin Carlier, deux d'entre eux sont probablement porteurs de succès : le sport des seniors qui n'est pas encore pris en compte et les outils permettant aux gens de se rencontrer pour faire du sport. Il cite une start-up de la deuxième promotion au concept amusant : Krank, qui propose une sorte de classement mondial des sportifs amateurs établi par comparaison entre amis et amis des amis (« Je suis meilleur que toi au tennis, vrai ou faux ? »). La compétition sur tous les terrains est ouverte, go.