Sublime Skinz, l’habile habilleur de sites
Tout a commencé par une rencontre entre six entrepreneurs du monde de la publicité et du marketing digital qui dressent un même constat : la publicité sur Internet est à la fois une formidable opportunité pour les marques et un cauchemar pour les éditeurs de sites qui n’arrivent pas à trouver un modèle économique solide dans un marché préempté par Google et Facebook et qui génère des revenus de plus en plus faibles. « Nous nous sommes dit que ce serait une bonne idée de travailler sur un format d’habillage compatible avec tous les sites, mais qui serait non intrusif pour l’internaute », raconte Marc Rouanet, cofondateur et président de Sublime Skinz. Les six entrepreneurs créent alors une structure commune, en marge de leurs activités respectives, pour travailler sur la question. Neuf mois après avoir écrit la première ligne de code, un standard d’habillage est mis au point. Ses caractéristiques ? « Un format unique qui peut être diffusé instantanément et à grande échelle sur des sites de tailles différentes en donnant le même rendu, et ce via toutes les technologies disponibles sur le marché publicitaire » explique Marc Rouanet. Une innovation technologique qui permet une simplicité d’utilisation bienvenue pour les acteurs du marché. Les premiers pas étant concluants, l’aventure se poursuit avec la création en décembre 2012 de la société Sublime Skinz — de « skins » qui désigne en anglais le format habillage.
Une valeur ajoutée technologique doublée d’une rupture commerciale
Jusqu’alors, l’habillage se vendait au forfait et/ou à la journée, la plupart du temps uniquement sur la page d’accueil des sites. La mise en place des campagnes était assez compliquée et occasionnait beaucoup d’allers-retours entre l’ensemble des parties prenantes. Sublime Skinz décide de révolutionner ce modèle en proposant notamment une vente à la performance, c’est-à-dire au clic, et sur l’ensemble des pages disponibles des sites. Après l’innovation technologique, c’est donc le second coup de génie de la jeune société. Dès la première année de création, l’entreprise rassemble 150 sites Internet dans son réseau, déploie une cinquantaine de campagnes publicitaires et génère un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros.
L’accélération américaine
C’est alors que l’un des cofondateurs, Jerem Febvre, a l’idée d’inscrire Sublime Skinz à un concours de start-up organisé par Ubisoft et Bpifrance. Parmi les 160 candidates, cinq sont sélectionnées pour passer deux mois aux États-Unis. L’objectif ? Comprendre le marché américain et la façon de s’y lancer. En 2014, les fondateurs de Sublime Skinz embarquent pour San Francisco. « Cela a été un formidable booster pour nous, nous avons pu rencontrer des clients potentiels, des investisseurs, examiner les contraintes d’implantation et analyser les caractéristiques du marché », explique Marc Rouanet. La start-up décide de se lancer rapidement à l’international. Elle ouvre alors des bureaux à Londres et San Francisco puis à New York. Pour financer son développement, elle fait entrer le fonds d’investissement ISAI à son capital en mai 2015.
Une innovation continuelle
Sur le marché très compétitif de la publicité digitale, la seule façon de garder une place de leader est d’innover continuellement. Sublime Skinz s’est donc scindée en deux branches : une société commerciale (dont un pôle est dédiée aux agences médias et l’autre aux annonceurs) et une société technologique chargée notamment de la R&D. Un laboratoire d’innovation est également mis en place, dans lequel des profils variés, techniques et marketing, réfléchissent à de nouveaux services et à de nouveaux formats toujours plus créatifs, engageants et non intrusifs. Des partenariats sont également noués avec des universités, dont celle de Paris Descartes, pour mener des recherches sur les modélisations en « eye tracking » (l’étude du comportement oculaire des consommateurs lors de leur navigation sur les sites). « Ces recherches fondamentales nous permettent de mieux comprendre les comportements des internautes, et d’adapter nos formats le plus finement possible », explique le président de Sublime Skinz.
Nouveaux défis
Le nouveau challenge de Sublime Skinz est de convaincre les entreprises qu’elles peuvent construire une image de marque sur Internet, aussi bien en mobile qu’en desktop, en rupture avec la norme actuelle qui consiste à utiliser essentiellement le média télévisuel. « Aujourd’hui, tout le marché publicitaire en ligne se focalise sur la rentabilité et le taux de clic, ce qui est une vision restrictive de ce qu’il est possible de faire. Nous voulons démontrer que nos formats visibles et impactants facilitent la mémorisation des messages et contribuent à l’image globale de la marque », explique Marc Rouanet. Le cofondateur de l’entreprise observe ainsi avec intérêt la façon dont aux États-Unis les investissements publicitaires sur Internet dépassent ceux réalisés en télévision. Une façon de s’adapter aux comportements des utilisateurs, notamment des jeunes, qui regardent de moins en moins le petit écran et privilégient Internet. « Notre rôle peut être alors de familiariser les internautes aux marques avec des formats beaux, créatifs et qui demeurent efficaces », poursuit-il.
Loin de se reposer sur ses lauriers, la start-up, qui compte aujourd’hui 90 salariés, a développé un réseau de plus de 3 500 sites dans le monde touchant chaque mois plus de 200 millions d’utilisateurs, ce qui lui permet d’opérer des campagnes dans plus de dix pays en Europe, en Amérique latine et aux États-Unis, et montre toujours autant d’appétit pour révolutionner à nouveau les codes du marché.