LA SOUDE ARTIFICIELLE (1791)
L’histoire est tragique, mais passionnante : celle d’un produit auquel l’industrie chimique doit son âge d’or au XIXe siècle. Mais aussi celle de la grandeur et décadence de son inventeur, Nicolas Leblanc, qui, dépossédé de son invention, finit par se suicider.
A la veille de la Révolution, la France dépend de l’étranger pour l’approvisionnement de ses savonneries et verreries en soude naturelle (issue des croûtes salines de certains lacs et de l’incinération de plantes marines). C’est en qualité de médecin-chirurgien du Duc d’Orléans que Leblanc obtient le soutien financier de ce dernier pour mettre au point l’extraction de soude artificielle à partir de sel marin. Un procédé dont la suprématie durera soixante-dix ans. Cette découverte capitale met à la portée de l’industrie une garantie d’approvisionnement ad libitum et à bas prix. Le Duc d’Orléans s’associe à Leblanc pour créer à Saint-Denis une usine qui produit 300 kg de soude par jour dès 1792.
Las… la mort du donateur sur l’échafaud signe le dépeçage de l’outil industriel dès 1793 et la ruine de Leblanc. Celui-ci se voit « invité » à rendre son procédé public. La paternité de l’invention de la soude ne lui sera reconnue qu’à titre posthume, via une rente viagère consentie à ses enfants par le gouvernement du Second Empire.
Brevet n° 1 BA 12, déposé le 19 septembre 1791