Baracoda : des objets intelligents qui veillent sur notre santé
- Pour les gens qui ne vous connaitraient pas, pouvez-vous expliquer l’activité de votre entreprise ?
Matthieu Delporte : Baracoda est un groupe d’entreprises fondé en 2001, qui combine des technologies d’objets connectés et de plateformes de données - qui utilisent à la fois l’IA, le Big Data et de l’algorithmique - pour améliorer la prévention et les pratiques de santé.
À partir d’une pathologie (mal de dos par exemple) ou d’une spécialité médicale (santé bucco-dentaire), nous déterminons les pratiques mesurables et concevons un objet connecté permettant à son utilisateur de s’autoévaluer et d’améliorer ses pratiques dans le temps.
Ainsi, nous avons notamment conçu la première brosse à dents connectée au monde : Kolibree. Grâce à des capteurs, elle mesure la fréquence des brossages, analyse leur qualité et identifie les zones que l’utilisateur néglige régulièrement. Adaptée à l’âge, mais aussi à l’historique médical (présence d’un implant par exemple), notre brosse à dents permet de guider l’utilisateur dans l’amélioration de son brossage et ainsi de sa santé bucco-dentaire.
Nous avons également développé un tapis de bain connecté qui analyse l’équilibre et la posture, et un miroir intelligent qui teste l’acuité visuelle et « scanne » la peau, pour surveiller notamment les grains de beauté.
La commercialisation de nos produits commence par une phase initiale de vente directe à l’utilisateur, qui nous permet de vérifier la pertinence de l’objet et de remonter les premières données. Après approximativement 2 ans, lorsque nous avons collecté suffisamment de données et de preuves qui valident notre hypothèse, nous allons à la rencontre de grands groupes pour leur proposer nos produits. Ces entreprises ont les ressources marketing et une présence internationale pour déployer nos innovations à grande échelle. Parmi nos clients nous avons notamment Colgate, Pierre Fabre, Wella ou encore LVMH.
- Vous avez participé au CES de Las Vegas début janvier 2022. Que retenez-vous de cette expérience ? Que vous apporte cet évènement ?
M. D. : Nous participons au CES de Las Vegas chaque année depuis 2014. Le CES est la grande messe internationale dans le domaine des produits électroniques et connectés. C’est donc un passage obligé pour une entreprise comme la nôtre. La caisse de résonance de cet évènement est très importante, voire inégalée au niveau médiatique. Le CES est également un excellent moyen de mesurer l’impact et l’intérêt que représentent nos dernières innovations.
Depuis 2017, nous y avons chaque année reçu des prix. Cela crédibilise notre groupe, nos innovations et nous confirme qu’elles suscitent un intérêt business. C’est également un relais médiatique important.
Cette année nous avons remporté trois prix, dont un prix remis par l’INPI pour notre stratégie de propriété industrielle (PI). C’est une récompense importante pour nous, car protéger notre PI est un des principes de notre politique depuis des années. Nous sommes contents et fiers que notre constance en la matière soit reconnue.
Cette année, le CES de Las Vegas a tout de même eu un goût particulier. Il y a eu très peu de visiteurs corporate et individuels. L’impact médiatique et l’engouement autour de l’évènement étaient plus faibles que les autres années.
- Pouvez-vous nous parler de votre stratégie de propriété industrielle ? En quoi est-elle un levier de croissance pour vous ?
M. D. : Lorsque nous avons créé Baracoda, la propriété industrielle est tout de suite apparue comme une de nos priorités. Les co-fondateurs Thomas Serval, Olivier Giroud et moi-même, de par nos études et nos parcours respectifs, étions sensibilisés à l’importance de l’intégrer dans notre stratégie de développement.
À intervalle régulier, nous demandons à nos ingénieurs de regarder parmi leurs avancées technologiques et leurs innovations, ce qui est brevetable. Nous leur demandons de décrire précisément les inventions et nous les soumettons ensuite à notre cabinet de conseil en PI, qui fait un état de l’art pour évaluer s’il est pertinent de déposer des titres.
Nous avons aujourd’hui près de 70 brevets déposés en Europe et aux États-Unis notamment, nos deux principaux marchés. Pour nous protéger de la contrefaçon ou dans un potentiel objectif commercial à long terme, nous déposons également des brevets dans d’autres régions du monde. Cela peut représenter des coûts importants. Et bien que nous voyions ces dépenses comme des investissements, nous pensons que l’idéal serait d’avoir davantage de traités internationaux et une harmonisation des critères entre pays. Nous sommes également à l’origine d’une vingtaine de marques – dont Baracoda – et de plusieurs dessins & modèles, tous déposés.
Cette stratégie de propriété industrielle s’inscrit dans une double démarche : protéger notre entreprise et nos innovations, mais aussi les valoriser. Une technologie brevetée représente plus de crédibilité pour nos clients, mais aussi pour de potentiels investisseurs.
Par ailleurs, nos clients exploitent nos produits via des contrats de licences de nos brevets.
Du 5 au 8 janvier 2022, l’INPI était présent au CES Las Vegas, grand rendez-vous mondial de l’électronique grand public, aux côtés de Business France. 24 pépites françaises spécialisées dans l’internet des objets ont exposé sur le stand de la French Tech, au sein de l’Eureka Park. Fort de son réseau national et international, l’INPI a accompagné plusieurs de ces start-up innovantes dans la construction de leur stratégie de propriété industrielle à l’export. Les dirigeants de ces start-up ont ainsi pu acquérir les bons réflexes de protection de leurs innovations et ont notamment pu identifier les enjeux de propriété industrielle aux Etats-Unis. A travers une journée aux côtés de Pascal Faure, nous vous proposons de découvrir la très belle édition du CES 2022, riche en rencontres et innovations.
Quelques chiffres :
+ de 140 start-up françaises
+ de 1 600 exposants
+ de 175 000 visiteurs