Poietis : impression 3D de tissu humain
> Pouvez-vous nous présenter votre activité en quelques mots ?
Fabien Guillemot : Nous travaillons sur la fabrication de tissus biologiques par impression 3D. Plus spécifiquement, la bioimpression par laser. L’entreprise est née il y a trois ans, elle est issue d’une recherche à l’Inserm où j’étais à l’époque. Aujourd’hui, les applications de notre technologie concernent principalement l’industrie cosmétique et pharmaceutique : nous collaborons par exemple avec L’Oréal sur la mise au point d’un follicule pileux qui permet de tester des shampoings ou encore avec BASF sur des modèles de peaux permettant d’évaluer l’efficacité d’ingrédients cosmétiques. Notre ambition à moyen terme, mais qui nous guide depuis le début, est que notre technologie soit utilisable dans le domaine clinique, notamment dans les greffes de peau.
> Que représente pour vous cette nomination aux Trophées INPI ?
F. G. : C’est une reconnaissance de notre démarche d’innovation qu’on a mise en place dès le départ et qu’on continue de développer. C’est aussi une reconnaissance du caractère unique de notre technologie : il existe en effet aujourd’hui dans le monde quatre technologies de bioimpression et nous sommes les seuls à exploiter celle par laser.
> Vous êtes nominé dans la catégorie brevet, quelle est votre stratégie en la matière ?
F. G. : Étant les seuls à développer cette technologie, la question de la propriété intellectuelle est d’autant plus fondamentale. Elle sera essentielle dans le futur, notamment quand notre technologie sera commercialisée. Nous avons principalement deux grands axes de R&D : le développement technique et celui des applications. Nous développons très fortement le premier — que ce soit sur la machine elle-même ou les procédés — en accompagnant ceci d’une politique systématique de dépôts de brevets. Nous possédons ainsi sept familles de brevets, sachant que les premiers appartiennent à l’Inserm et que nous en avons la licence exclusive.
> Le thème de cette édition est « Sacrés Français ! » : qu’est-ce que ça vous inspire ? Vous reconnaissez-vous dans cette expression ?
F. G. : La production de tissu humain est un sujet universel, qui intéresse de nombreux laboratoires et start-up à travers le monde. Mais c’est vrai que, au-delà d’être les seuls au monde à développer la bioimpression par laser ce qui rend cette technologie française, il y a peut-être deux autres particularités : d’un point de vue scientifique déjà, on intègre des approches issues de la science des systèmes complexes qui est bien développée en France. Ensuite, nous avons le souci de mener ces développements dans un cadre humaniste, c’est même précisé dans notre statut. On vise à promouvoir la réparation des tissus et pas du tout à « améliorer » l’humain dans une mouvance transhumaniste, assez développée aux États-Unis par exemple.