Purple Alternative Surface : des revêtements écologiques et perméables
- Pouvez-vous évoquer la genèse de votre entreprise ?
Marie Kmoch : Nous sommes trois dans cette aventure : Pierre Quinonero, notre directeur général en charge de l’industrialisation et des relations avec nos partenaires, Sébastien Molas qui s’occupe du développement de nos produits, et moi pour la communication.
À l’origine de Purple Alternative Surface, il y a Pierre, qui travaillait auparavant comme promoteur immobilier sur des projets de grandes surfaces. À l’époque où il exerçait cette activité, il devait s’assurer de la conformité de ses projets avec toute une série de réglementations concernant la gestion des eaux. Elles ont culminé avec la loi "Climat et résilience" du 22 août 2021, qui définit un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols pour 2050. Concrètement, Pierre s’est vu imposer l’obligation d’installer des parkings dotés de voiries perméables. Sauf qu’au moment où il a rencontré ce problème, il n’existait pas de solutions non onéreuses, utilisables sur toutes typologies de projet (parkings, routes, chemins piétons…), et surtout utilisant des matériaux responsables environnementalement.
Celui qui nous a réunis, c’est Sébastien : il nous a apporté l’idée de la dalle et un gros bagage technique en tant qu’ingénieur VRD1.
Et puis, il y a moi, qui évoluait auparavant en tant que salariée dans le milieu du BTP.
Ensemble, nous avons développé le seul produit perméable fait à partir de déchets plastiques français, fabriqué en France et localement. Les seules solutions qui puissent éventuellement être jugées équivalentes sont proposées par des revendeurs avec des déchets allemands.
- Qu’est-ce qui rend vos méthodes d’innovation performantes et inspirantes ?
M.K. : Ce qui fait notre force, c’est que nous faisons confiance à nos collaborateurs. Aujourd’hui, nous sommes une équipe de quinze personnes, et nous n’avons pas qu’une seule tête pensante, qu’un seul décisionnaire, même si c’est Pierre Quinonero qui tranche lorsqu’il le faut. Tout le monde peut être générateur de bonnes idées et de bonnes méthodes. Nous écoutons les avis de tout le monde.
Pour tout ce qui va concerner la R&D, nous faisons un point en équipe toutes les semaines, aussi bien sur les sujets en cours que ceux qui sont en devenir.
Nous faisons aussi des remontées de terrain : l’information, la demande d’innovation, plus généralement l’inspiration peut venir de nos chantiers, de l’usine, de nos équipes techniques, mais aussi, bien sûr, de nos clients auprès desquels nous menons régulièrement des enquêtes de satisfaction.
Nous avons, par exemple, une dalle – la Purple Pav – dans laquelle nous pouvons mettre au choix des gravillons, des pavés ou du gazon. Initialement, nous ne vendions que la dalle. Or nos clients ont émis le souhait d’un produit « clés en main ». Aujourd’hui, après nous être rapprochés de grainetiers et de fabricants de pavés locaux, nous sommes en mesure de fournir des offres complètes avec des dalles prêtes à l’emploi et adaptées à chacun de nos clients : du sur-mesure !
- Parlons « propriété industrielle » : quelle stratégie menez-vous en la matière et quelles sont les raisons de son succès ?
M.K. : Nous pesons toujours le pour ou le contre de façon concertée, entre le brevet, qui est vendeur auprès des investisseurs et nous garantit une exclusivité d’exploitation pendant un certain temps, et le secret qui permet aussi de se protéger. Nous le faisons en fonction de plusieurs critères, comme le temps qui nous est imparti ou les pays dans lesquels nous souhaitons intervenir (certains peuvent être moins réceptifs que d’autres).
Ainsi, nous avons fait une demande de brevet sur notre dalle hexagonale, qui porte sur la circulation de l’eau à travers ses alvéoles. Nous étions tentés de déposer un titre sur notre outil industriel, qui nous permet de transformer directement les déchets plastiques en dalle, car nous sommes les seuls à le faire ; mais nous ne l’avons pas fait, car cela revenait à dévoiler notre secret industriel.
Pour ce qui est de notre identité, nous protégeons les noms de nos produits, nos logos et nos marques, ainsi que nos couleurs.
Nos marques suivent nos évolutions. Prenons, par exemple, notre dalle Purple Pav : à la suite de l’évolution que je viens d’évoquer, nous nous sommes rendu compte que le terme « Pav », qui résonne trop avec « pavé », ne cadrait pas avec l’emploi de gazon ou de gravier. Nous avons donc déposé deux autres marques : « Purple Mineral » pour la version gravillonnée et « Purple Green » pour celle qui est engazonnée.
- De quelle façon l’INPI vous aide-t-il au quotidien ? Quel(s) service(s) proposé(s) par l’Institut avez-vous utilisé(s) ?
M.K. : L’INPI nous accompagne à travers les informations stratégiques qu’il diffuse sur les dépôts de marques, dessins et modèles. Nous avons des échanges durant l’année, soit en direct avec un chargé d’affaires, soit via notre cabinet conseil en protection industrielle et intellectuelle.
Nous nous appuyons aussi sur les éléments présents sur inpi.fr et sur les retours de notre conseil.
- Un accord de partenariat vient d’être signé avec Suez. Que représente-t-il pour Purple Alternative Surface ?
M.K. : Suez, c’est le grand acteur spécialisé dans les solutions circulaires pour la gestion de l'eau et des déchets. Nous, nous intervenons sur ces deux mêmes volets en évitant la diffusion des pollutions dues au ruissellement des eaux et en contribuant au recyclage des déchets plastiques. Notre partenariat était donc assez naturel.
Grâce à cette levée de fonds que nous venons d’organiser et à la participation de Suez, nous allons pouvoir nous industrialiser plus vite en développant notamment le nombre de ce que nous appelons nos « minifacturies », des petites usines installées au plus près des déchets, donc à côté des centres de tri.
Cela a un double intérêt : réduire l’empreinte carbone du transport des déchets vers nos sites de production – qui est l’un des postes les plus importants dans notre production – et du transport de nos produits finaux vers le client, mais également créer de l’emploi localement.
- Qu’est-ce qui vous motive, vous et vos équipes, au quotidien ?
M.K. : Notre carburant, c’est de lutter contre la pollution plastique.
Nous avons tous un point commun chez Purple : c’est d’être des amoureux de la nature, mais d’une nature propre.
Pierre est un fan de l’enduro et, même si c’est de la moto, ça se pratique en forêt ; Sébastien fait des ultratrails, et c’est aussi en forêt ; quant à moi, j'ai pour passion l’équitation… que j’adore pratiquer en forêt.
Voir tant de déchets plastiques partout – des montagnes de plastiques – quand on sait que sans nous, cela est incinéré ou enfoui parce que trop complexe à recycler, alors que la fabrication d’une tonne de plastique représente 3,35 tonnes de CO2 émis… notre carburant c’est ça : lutter contre cette situation.
Nous ne pourrons pas tout recycler, il faut être réaliste, mais si à notre échelle nous pouvons contribuer – les petits pas additionnés font les grands pas ! – et même inspirer au-delà de l’entreprise...
Notre discours touche nos clients qui se disent : « J’ai une partie de mon parking à refaire, je suis générateur de déchets ; je les donne à Purple et avec mes déchets ils refont mon parking. » Ce sont des choses que l’on met en place avec des industriels et ils adorent ! Et nous, ce qu’on adore, c’est de permettre cette véritable prise de conscience.
- Trois mots pour donner envie au jury de vous désigner lauréat ?
M.K. : Innovation, durabilité, écoresponsabilité !
1: L’ingénieur VRD (voirie et réseaux divers) encadre les projets d'organisation de la voirie et plus généralement d'installation des réseaux.
- Date de création : 2021
- Chiffre d’affaires : 151 M€
*Déclaratif entreprise
- Brevet : 1
- Marques : 3
*Déclaratif entreprise