H4D, un service de télémédecine unique au monde
Avec sa "Consult Station", la start-up française H4D — pour "Health for Development", fondée en 2008 par Franck Baudino, mêle innovation de service et innovation technologique. Le tout, au service d'une idée audacieuse : permettre l'accès à un médecin partout et tout le temps, sans que celui-ci ne soit physiquement présent.
Imaginez une petite station spatiale posée en pleine campagne. C’est à quelques détails près la vision audacieuse développée avec obstination par le docteur Franck Baudino depuis quinze ans. Ce médecin a travaillé de longues années dans les déserts médicaux de France, puis a franchi les frontières pour aider à l’organisation de systèmes médicaux à l’étranger, en Inde notamment. Un parcours marqué par un leitmotiv : « Trouver un moyen efficace d’apporter des soins aux personnes dans les territoires isolés ». À partir de 2002, de retour en France, Franck Baudino teste toutes les technologies possibles qui permettent de « faire voyager les informations plutôt que le patient », autrement dit de récupérer des données médicales à distance. Les capteurs mis au point lui semblent prometteurs. Mais ils ont plusieurs défauts : « Ils ne parviennent pas à susciter le colloque singulier [le cadre de la relation bilatérale et protégée médecin-patient qui repose notamment sur le secret médical] ; ils n’identifient pas de lieu de santé facilement ; et enfin, ils sont généralement utilisés pour récolter des informations sur un point précis : tension ou rythme cardiaque par exemple » souligne Franck Baudino. Lui souhaite exercer une médecine généraliste et répondre aux besoins d’un maximum de patients. Il entend bien créer un dispositif intégré à un parcours de santé reconnu par les autorités. En deux mots : il a l’ambition de concevoir un véritable cabinet médical... qui opère sans médecin physiquement présent, le médecin étant à distance.
85 % des motifs habituels de recours au généraliste pris en charge
Ces exigences le sortent du champ de la e-santé pour le faire entrer dans celui de la télémédecine. Le pari est immense et les réactions de ses collègues médecins sont au départ plus que réservées. Franck Baudino ne se décourage pas. Tout en continuant de recevoir ses patients et de mener ses gardes, il se renseigne et se documente sur toutes les technologies existantes. Accompagné par des ingénieurs des Arts et Métiers, il construit des modèles réduits de ce que pourrait être cette cabine révolutionnaire de consultation, avant d’en fabriquer une grandeur nature. « Nous avons mené un gros travail d’ergonomie et de design industriel ; le but était que le patient se sente bien dans cet espace réduit », souligne-t-il. En 2006, il dépose un premier brevet qu’il a entièrement rédigé, après avoir passé des heures à lire des centaines de brevets pour comprendre les prérequis et le vocabulaire nécessaire. Ce premier titre protège la qualité du mesurage effectué dans la cabine, qu’il baptise « Consult Station » — et qui est également déposée à titre de marque. En mode télémesure, celle-ci offre au patient la possibilité de réaliser un bilan de santé en toute autonomie, guidé par un tutoriel vidéo. Une nouvelle manière d’envisager le dépistage et le suivi de pathologies chroniques. En mode téléconsultation, la cabine permet de réaliser une quantité d’examens : écoute du cœur, des poumons, ORL, fond d’œil, dermatologie, ainsi que des mesures de paramètres physiologiques : poids et taille, bien sûr, mais aussi tension, électrocardiogramme, tests auditifs et visuels, glycémie, etc. « Grâce à elle, le médecin téléconsultant peut prendre en charge 85 % des motifs habituels de recours au généraliste » note Franck Baudino.
Ces exigences le sortent du champ de la e-santé pour le faire entrer dans celui de la télémédecine. Le pari est immense et les réactions de ses collègues médecins sont au départ plus que réservées. Franck Baudino ne se décourage pas. Tout en continuant de recevoir ses patients et de mener ses gardes, il se renseigne et se documente sur toutes les technologies existantes. Accompagné par des ingénieurs des Arts et Métiers, il construit des modèles réduits de ce que pourrait être cette cabine révolutionnaire de consultation, avant d’en fabriquer une grandeur nature. « Nous avons mené un gros travail d’ergonomie et de design industriel ; le but était que le patient se sente bien dans cet espace réduit », souligne-t-il. En 2006, il dépose un premier brevet qu’il a entièrement rédigé, après avoir passé des heures à lire des centaines de brevets pour comprendre les prérequis et le vocabulaire nécessaire. Ce premier titre protège la qualité du mesurage effectué dans la cabine, qu’il baptise « Consult Station » — et qui est également déposée à titre de marque. En mode télémesure, celle-ci offre au patient la possibilité de réaliser un bilan de santé en toute autonomie, guidé par un tutoriel vidéo. Une nouvelle manière d’envisager le dépistage et le suivi de pathologies chroniques. En mode téléconsultation, la cabine permet de réaliser une quantité d’examens : écoute du cœur, des poumons, ORL, fond d’œil, dermatologie, ainsi que des mesures de paramètres physiologiques : poids et taille, bien sûr, mais aussi tension, électrocardiogramme, tests auditifs et visuels, glycémie, etc. « Grâce à elle, le médecin téléconsultant peut prendre en charge 85 % des motifs habituels de recours au généraliste » note Franck Baudino.
Une innovation de service couplée à une R&D performante
Cette vision d’une médecine innovante séduit des business angels. Une première levée de fonds est organisée et permet à Franck Baudino de créer sa société, H4D – Health for Development – en 2008, de poursuivre la phase préindustrielle, puis industrielle. H4D travaille bientôt avec une cinquantaine de sous-traitants pour construire ces cabines d’un nouveau genre. Reste à convaincre les autorités administratives du bien-fondé de son invention. Très sourcilleuses sur les normes en matière de santé, elles se méfient de toutes ces nouveautés qui espèrent soigner à distance. « Nous avons vraiment travaillé main dans la main avec les organismes pour leur démontrer à chaque étape notre volonté de respecter toutes les normes, explique Franck Baudino. Cela nous a demandé un travail de trois à cinq ans. » De protocoles de recherche en démonstrations, enfin, la Consult Station est certifiée (dispositif médical de classe II). Pour H4D, cette reconnaissance est fondamentale. « Elle a rassuré nos partenaires, à qui nous avons pu prouver que nous appartenions bien au champ médical », poursuit Franck Baudino. Concrètement, H4D travaille en partenariat avec des médecins formés spécialement à la téléconsultation. Au-delà de la technologie, pilier de l’entreprise, H4D a aussi développé un savoir-faire organisationnel et logistique pour former, intégrer le dispositif dans les parcours de santé, et faire toujours le lien avec les personnels médicaux sur place. Cette innovation de service couplée avec une R&D performante – la société compte aujourd’hui 28 brevets dans son portefeuille – convainc banques et institutionnels de souscrire à une nouvelle levée de fonds de 6,7 millions d’euros à l’automne 2016. L’entreprise compte désormais une vingtaine de salariés, ingénieurs, médecins, responsables qualité. Encore faut-il évangéliser le marché. Les territoires visés prioritairement sont les zones sous-médicalisées, les résidences de personnes âgées, les centres pour étudiants et les salariés en entreprise. Le modèle choisi est BtoB : les structures s’abonnent à un service de téléconsultation pour 3 000 euros par mois. Avec toujours la même exigence : « Nous sommes avant tout des médecins, et nous n’oublions jamais que derrière tout dispositif, il y a des patients », explique-t-il. Pour le moment, des dizaines de cabines ont été installées sur tout le territoire ; plusieurs milliers de patients ont donc pu tester cette cabine du futur. L’objectif est de déployer le service de télémédecine non seulement en France, mais aussi à l’international. H4D sera ainsi bientôt présent en Italie, au Portugal, au Canada, à Dubaï et en Belgique. Autant de nouvelles administrations à convaincre... Pas de quoi décourager l’infatigable docteur Baudino. « Avec le recul, je me rends compte de la quantité d’obstacles que nous avons dû franchir. Mais nous n’avions pas le temps d’avoir trop de doutes. Nous étions concentrés sur l’objectif final : soigner des gens », conclut-il.
Cette vision d’une médecine innovante séduit des business angels. Une première levée de fonds est organisée et permet à Franck Baudino de créer sa société, H4D – Health for Development – en 2008, de poursuivre la phase préindustrielle, puis industrielle. H4D travaille bientôt avec une cinquantaine de sous-traitants pour construire ces cabines d’un nouveau genre. Reste à convaincre les autorités administratives du bien-fondé de son invention. Très sourcilleuses sur les normes en matière de santé, elles se méfient de toutes ces nouveautés qui espèrent soigner à distance. « Nous avons vraiment travaillé main dans la main avec les organismes pour leur démontrer à chaque étape notre volonté de respecter toutes les normes, explique Franck Baudino. Cela nous a demandé un travail de trois à cinq ans. » De protocoles de recherche en démonstrations, enfin, la Consult Station est certifiée (dispositif médical de classe II). Pour H4D, cette reconnaissance est fondamentale. « Elle a rassuré nos partenaires, à qui nous avons pu prouver que nous appartenions bien au champ médical », poursuit Franck Baudino. Concrètement, H4D travaille en partenariat avec des médecins formés spécialement à la téléconsultation. Au-delà de la technologie, pilier de l’entreprise, H4D a aussi développé un savoir-faire organisationnel et logistique pour former, intégrer le dispositif dans les parcours de santé, et faire toujours le lien avec les personnels médicaux sur place. Cette innovation de service couplée avec une R&D performante – la société compte aujourd’hui 28 brevets dans son portefeuille – convainc banques et institutionnels de souscrire à une nouvelle levée de fonds de 6,7 millions d’euros à l’automne 2016. L’entreprise compte désormais une vingtaine de salariés, ingénieurs, médecins, responsables qualité. Encore faut-il évangéliser le marché. Les territoires visés prioritairement sont les zones sous-médicalisées, les résidences de personnes âgées, les centres pour étudiants et les salariés en entreprise. Le modèle choisi est BtoB : les structures s’abonnent à un service de téléconsultation pour 3 000 euros par mois. Avec toujours la même exigence : « Nous sommes avant tout des médecins, et nous n’oublions jamais que derrière tout dispositif, il y a des patients », explique-t-il. Pour le moment, des dizaines de cabines ont été installées sur tout le territoire ; plusieurs milliers de patients ont donc pu tester cette cabine du futur. L’objectif est de déployer le service de télémédecine non seulement en France, mais aussi à l’international. H4D sera ainsi bientôt présent en Italie, au Portugal, au Canada, à Dubaï et en Belgique. Autant de nouvelles administrations à convaincre... Pas de quoi décourager l’infatigable docteur Baudino. « Avec le recul, je me rends compte de la quantité d’obstacles que nous avons dû franchir. Mais nous n’avions pas le temps d’avoir trop de doutes. Nous étions concentrés sur l’objectif final : soigner des gens », conclut-il.