Mapwize : la start-up qui ne perd pas le Nord
Qui ne s’est jamais perdu à l’intérieur d’un grand bâtiment, d’un centre commercial, sur un campus universitaire ou dans un hôpital ? Si les principaux outils de navigation GPS permettent de se rendre à n’importe quelle adresse donnée, ils perdent leur utilité dès qu’on franchit les portes des bâtiments. En 2014, Médéric Morel et Mathieu Gérard s’associent autour d’un projet de cartographie de l’intérieur des bâtiments qui viendra combler cette lacune. Le premier vient du monde du conseil, le second de l’édition de logiciels. Tous deux possèdent une expérience et un solide goût de l’entrepreneuriat et décident d’investir en fonds propres dans la création d’une start-up.
L’idée est simple : à partir des plans récupérés auprès de ses clients, la start-up propose une plateforme de cartographie de bâtiments intégrant des fonctionnalités interactives. Le tout est accessible via une application mobile, sur le web ou grâce à des bornes présentes à l’intérieur des bâtiments. « Mapwize permet de mesurer le plus court trajet d’un point A à un point B, ou de chercher une localisation précise, par exemple celle d’un photocopieur, à partir du moteur de recherche », explique Médéric Morel, PDG de la start-up lilloise. Il s’agit en effet d’une plateforme de cartographie dynamique en temps réel qui permet par exemple de synchroniser la carte avec les capteurs de présence d’une salle de réunion et de savoir ainsi instantanément quelle est la salle de réunion disponible la plus proche.
La brique cartographique du smart building
Totalement ouverte, la plateforme s’intègre à l’ensemble des logiciels utiles à la gestion d’un bâtiment : logiciels de gestion technique, de maintenance ou bien encore de gestion des espaces de travail. « Notre vocation est d’être la brique cartographique de l’ensemble des acteurs du smart building » explique Médéric Morel. Mapwize a deux types de clients : ceux en direct qui souhaitent fournir un service de cartographie interactive à leurs collaborateurs ou à leurs visiteurs ; et les intégrateurs et éditeurs de logiciels qui incorporent leur technologie cartographique dans leur offre de services. Les clients directs représentent encore deux tiers du portefeuille, mais le rapport a tendance à s’inverser en faveur des seconds.
La compatibilité totale de la plateforme avec d’autres services se double d’une grande exigence en termes de sécurité. En effet, contrairement à Waze ou Google Maps par exemple, qui traitent des données publiques, Mapwize intègre des données cartographiques privées, qui, dans certains cas, peuvent être hautement confidentielles. « Pour répondre à l’exigence de sécurité de nos clients, nous utilisons les data centers de notre partenaire, Microsoft. Leurs serveurs offrent un très haut niveau de sécurité. De plus, pour les données particulièrement sensibles, nous sommes en mesure de proposer à nos clients l’hébergement des données sur un serveur complètement dédié. »
Un ancrage local pour une ambition internationale
Fondé sur un abonnement dont le prix est fonction de la surface couverte et du choix d’hébergement, le service proposé par Mapwize a déjà séduit en France, mais aussi à l’étranger : « Nous avons immédiatement eu la volonté de nous exporter à l’international, raconte Médéric Morel. En effet, notre produit répond à des besoins qui ne varient pas d’un pays à l’autre. De plus, nous avons tout de suite pensé à créer une plateforme multilingue qui nous permet de gérer jusqu’à une vingtaine de langues différentes. Nous recevons des demandes d’un peu partout dans le monde, des Philippines ou d’Afrique du Sud ! ». Leurs deux clients principaux sont d’ailleurs des sociétés américaines rencontrées au CES de Las Vegas en 2016 et en 2017. À terme, la start-up lilloise espère bien devenir la référence mondiale de cartographie d’immeubles.
Mais elle s’appuie pour cela sur un fort ancrage régional. Installée sur le pôle d’excellence de la métropole lilloise Euratechnologies, la start-up y a des locaux évolutifs qui grandissent au rythme de l’accroissement de ses effectifs — ils sont quinze collaborateurs aujourd’hui. Elle bénéficie également de l’émulation que permet la concentration d’activités autour des technologies de l’information et de la communication pour trouver de nouveaux clients ou nouer des partenariats. En septembre 2017, Mapwize a réalisé une levée de fonds qui lui a permis d’obtenir 1,2 million de la part de fonds d’investissement locaux (Finorpa et Nord Création) et de Bpifrance. Des fonds destinés au renforcement des équipes commerciales et à la R&D. Une politique plus approfondie en termes de propriété intellectuelle devrait suivre : « Dans le domaine de l’édition de logiciels, le code est protégé classiquement par le droit d’auteur. Le brevet va rarement de soi, explique Médéric Morel. Cependant, en juin dernier, nous avons été approchés par l’INPI lorsque nous avons remporté le prix d’innovation « Pitch in the plane ». L’Institut a attiré notre attention sur l’opportunité de déposer des brevets d’usage sur le marché américain. C’est un axe que nous allons poursuivre en collaboration avec l’INPI dans les mois à venir ».