Winter Mushroom révolutionne le monde de la régie publicitaire
Quelle est la genèse de votre projet ?
Grégoire Audibert : Nous avons débuté le projet de notre borne digitale en 2016 à San Francisco avant d’être incubés au Lab’O à Orléans en 2017. Nous sommes partis du postulat que la publicité sur point de vente digitale (PLV) était en retrait par rapport à la publicité en ligne. S’il existe des systèmes reconnus par les navigateurs (targeting /cookies), ces méthodes ne sont pas encore usitées dans la PLV qui reste basée sur un modèle papier « figé ».
Winter Mushroom a donc eu l’idée de développer une borne digitale rendant la publicité plus pertinente grâce à un ensemble d’outils de mesures et d’analyses. Comment ? Grâce à une technologie combinant la reconnaissance d’images avancée et des algorithmes sans utilisation de données personnelles. Le logiciel se base sur la morphologie des visages, les images sont traitées en temps réel sans lien avec l’identité des personnes et sans reconnaissance faciale, dans le respect du RGPD. Il est capable de déterminer le sexe, la tranche d’âge d’une personne et enregistre combien de temps une personne s’est arrêtée devant la publicité. La borne a pour objectif d’aider les acteurs de la distribution à augmenter leur taux de conversion clients et leurs paniers moyens.
Quelles stratégies de protection avez-vous mises en place en matière de propriété intellectuelle ?
G.A. : Notre process (nouvelles technologies liées à la détection d'image et au machine learning) a d’abord été daté par le dépôt en ligne d’e-Soleau, une première étape qui permet d’établir la preuve de l’existence de notre création à une date donnée ; il s’agissait pour nous d’un préalable au dépôt d'une demande de titre de propriété industrielle auprès de l'INPI.
Avant de dévoiler notre projet à la presse, nous avions également déposé la marque Winter Mushroom et son logo. Nous avons eu la chance de rencontrer Julie Hervé, chargée d’affaires INPI, présente au Lab’O, qui nous a informés sur les différents modes de protection concernant notre propriété intellectuelle. Plus on avance dans la technique et plus il est essentiel de se protéger ! L’intelligence artificielle est un sujet complexe et nous souhaitons aujourd’hui affiner nos algorithmes afin de permettre aux marques de passer le bon message à la bonne personne au moment opportun. C’est pourquoi, un cabinet spécialisé nous accompagne dans nos démarches en propriété industrielle et nous envisageons, dans un premier temps, la demande d’un certificat d’utilité pour bloquer nos potentiels concurrents, demande qui sera potentiellement suivi d’un dépôt de brevet.
Quelles préconisations feriez-vous à un entrepreneur ?
G.A. : Il est indispensable de déposer une preuve de votre création le plus tôt possible afin de dater votre idée dans un premier temps. Avant de se lancer dans un domaine technique particulier, je préconise également à une start-up de pousser ses recherches d’antériorité (aller voir les bases marques et brevets). Il ne faut pas se décourager si un brevet est déjà déposé mais trouver d’autres solutions pour développer son marché ou penser à passer des accords de licence avec d’autres entreprises si nécessaire. Enfin, si vous vous attaquez à un système complexe comme l’Intelligence Artificielle, il faut faire beaucoup de pédagogie auprès de vos prospects. La France dispose d’un écosystème favorable à l’entreprenariat où l’on peut trouver des partenaires publics et privés qui accompagnent les entrepreneurs dans leurs démarches. Nous avons bénéficié d’aides pour financer et assurer notre crédibilité auprès des investisseurs. Après une phase de tests réussie, nous souhaitons devenir un acteur majeur de la PLV digitale pour les distributeurs en moyennes et grandes surfaces.