Le stylo à bille : des km d'écriture (1938)
Né aux Etats-Unis en 1888 d’après une idée de John J. Loud, le procédé du stylo à bille a dû attendre cinquante ans avant d’émerger vraiment. En 1938, le journaliste hongrois Ladislao José Biró, aidé de son frère chimiste Georg, s’empare en effet de l’invention et en améliore les trois axes majeurs : la bille, l’encre et le dispositif d’alimentation. Il comprend notamment que l’encre doit être pâteuse, grasse et à séchage rapide, comme dans les imprimeries, à la fois pour éviter les tâches et pour répondre aux besoins du dispositif d’alimentation.
Les frères Biró brevètent l’invention en 1938, puis son perfectionnement en 1943. C’est aussi cette année-là qu’ils se réfugient en Argentine et créent la société Biró, afin de commercialiser le produit sous le nom de Birome, resté en usage dans ce pays. Ils cèdent une licence à l’américain Eversharp en 1945, mais la Reynolds Company précède celui-ci avec une copie pirate, qui se répand très largement, jusqu’en Europe.
Ces produits sont toutefois loin d’être parfaits. Rachetant le brevet de Biró, le baron Marcel Bich, à la tête de la société PPA, fait le pari de développer un produit à la fois propre et économique. Après deux ans de recherches il réussit à résoudre deux problèmes, jusqu’alors non maîtrisés : la formule d’encre parfaite et l’ajustage entre la bille et le tube-réservoir, permettant une écriture facile. En 1950, il lance le célèbre modèle « Cristal », sous la marque Bic. Celui-ci peut « tracer une ligne de deux à trois kilomètres », puis on le jette. Car l’autre atout de Marcel Bich est d’inaugurer l’ère du jetable – qu’il accompagnera ensuite avec les briquets et autres rasoirs. Deux ans après son lancement, le Bic est le produit de consommation le plus vendu en France. En 1965, l’entrée du Cristal au sein des écoles consacre un succès qui ne s’est jamais démenti depuis.
Brevet n° 853022, déposé le 29 octobre 1938