Phost’in Therapeutics : traiter les cancers solides et les fibroses avec de nouveaux médicaments

Finaliste des Trophées INPI 2023 dans la catégorie « Recherche partenariale », Phost’In Therapeutics est une société de biotechnologie qui développe des molécules thérapeutiques innovantes en vue de traiter les cancers solides et les fibroses. Rencontre avec Karine CHORRO, sa présidente.
Phost'In
  • Comment décririez-vous Phost’in Therapeutics et son activité ?

 

Karine Chorro : Phost'in Therapeutics est une biotech créée à partir des connaissances et technologies issues de la recherche. Elle se consacre à la découverte et au développement de médicaments innovants pour le traitement des cancers et des fibroses. Nous développons des molécules thérapeutiques qui constituent une nouvelle classe pharmacologique dont l'action n’a encore jamais été testée chez l’homme.

En août 2022, nous avons débuté le premier essai clinique de notre premier médicament candidat : le First-in-Class PhOx430. En parallèle, nous conduisons plusieurs programmes de recherche en utilisant une expertise unique et notre plateforme de criblage1, Phost’Screen.

Notre ambition est d’être disruptifs sur le segment des thérapies ciblées et de l’immunothérapie. Notre approche thérapeutique est à la fois distincte et complémentaire des progrès actuels du secteur.  

 

  • Pouvez-vous nous parlez un peu plus du First-in-Class PhOx430 et de son caractère innovant ?

 

K.C. : Le First-In-Class PhOx430 est un médicament totalement différent des autres. Il cible spécifiquement l’enzyme GnT-V, qui est responsable d’un certain nombre de complications sur les cellules tumorales ou fibrotiques. Dans le cas des cancers, par exemple, l’activité de cette enzyme vient favoriser le développement du cancer et des métastases, tout en empêchant sa reconnaissance par les cellules du système immunitaire. En inhibant la GnT-V, nous affectons la capacité des cellules tumorales à croître et migrer, tout en restaurant une réponse immune.

Cette enzyme est identifiée depuis de nombreuses décennies, mais elle n’avait jamais encore été exploitée comme cible par l’industrie pharmaceutique.

Avant PhOx430, aucun composé n’avait réussi à l’atteindre de manière sélective, c’est-à-dire sans une forte toxicité incompatible avec le développement d’un médicament.

La molécule est entrée en essai clinique en 2022, à la suite de résultats prometteurs chez l’animal sans effets secondaires détectés. Ces composés ont également démontré des effets pour le traitement de fibroses. Voilà pourquoi il peut être considéré comme une véritable innovation de rupture.

 

  • Quelle est votre actualité ?

 

K.C. : Nous venons de signer un accord avec Taiho Pharmaceutical Co., Ltd. Par cet accord, cette multinationale japonaise obtient un droit d'option exclusif pour développer et commercialiser PhOx430 au Japon et dans certains autres territoires d'Asie en échange de paiements d’étapes et de redevances sur les ventes nettes dans ces régions.

Phost’in se réserve le droit de développer et de commercialiser le composé dans d’autres territoires, notamment en Amérique du Nord, en Europe et en Chine et reste en charge de la fabrication.

Nous préparons également une levée de fonds pour la suite de notre développement et, notamment, pour l’ouverture d’essais cliniques en combinaison avec d’autres médicaments pour le PhOx430.

 

  • Quelle est votre stratégie d’innovation et de propriété industrielle ?

 

K.C. : Nos brevets sont au cœur de notre activité. Ils sont cruciaux dans notre modèle économique : ce sont eux que nous commercialisons sous forme de contrats de licence auprès d’industriels pharmaceutiques. Leur solidité permet de convaincre des investisseurs, c’est pourquoi nous allouons à la propriété industrielle un budget annuel de plus de 100 000 euros.

À ce jour, nous exploitons deux familles de brevets académiques, sous licence exclusive notamment du CNRS, de l’Ecole Nationale de Chimie de Montpellier et de l’Université de Montpellier. C’est aussi le cas de trois familles de brevets Phost’in, dont l’un en codépôt avec un autre industriel pour lequel nous avons les droits d’exploitation. Ce portefeuille est étendu à l’International.

Parallèlement, nous réalisons en interne une veille régulière de propriété industrielle. En 2022, nous avons également mené une étude de liberté d’exploitation sous-traitée à un cabinet externe.

 

  • Vous avez bénéficié de plusieurs prestations proposées par l’INPI. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

K.C. : Nous avons bénéficié du Pass PI dans le cadre de la négociation d’un contrat de collaboration avec le CNRS et pour réaliser une étude de liberté d’exploitation indispensable pour notre recherche de fonds.

Nous avons également bénéficié d’un accompagnement individuel au travers du dispositif Alliance PI.

La Master Class PI, réalisée en 2022-2023, a été la prestation collective la plus déterminante. Grâce aux interventions personnalisées en entreprise, nous avons pu associer toute l’équipe et progresser sur les aspects de traçabilité des inventions et de protection du savoir-faire en interne. Ce fut aussi l’occasion d’échanger sur les bonnes pratiques entre entreprises d’un même secteur.

 

  • Pour vous et vos collaborateurs, que représente cette nomination aux Trophées ?

 

K.C. : Nous sommes tous très fiers d’être nominés. Un peu surpris aussi, car sur notre marché nous sommes confrontés à de « grosses » PME, alors que nous sommes une toute petite structure. Mais notre activité étant construite autour de notre portefeuille de brevets, cela nous rassure et nous conforte sur ce que nous avons réussi à mettre en place !

Par ailleurs, la catégorie dans laquelle nous sommes nominés montre que nous n’avons pas renié notre origine académique et que les collaborations poursuivies font sens. C’est important pour nous et c’est un bon message pour nos partenaires.

 

1 : Il s’agit d’une chaine d'outils capables d’identifier et de trier des molécules pour des applications thérapeutiques données.

Chiffres clefs* :
  • Date de création : 2014
  • Nombre de salariés : 9
  • Budget R&D (2022) : 2,1 M€
  • Budget PI (2022) : 100 000 €

* Déclaratif entreprise

Portefeuille de titres de propriété industrielle* :
  • Nombre de brevets : 55 (5 familles étendues à l’international, dont 2 familles de brevets académiques sous licences)
  • Nombre de marques : 2

* Déclaratif entreprise