Visible Patient modélise les images d’organes en 3D, pour faciliter le travail des professionnels de santé

Finaliste des Trophées INPI dans la catégorie « recherche partenariale », Visible Patient transforme les images issues d’un scanner et d’une IRM en double 3D. L’entreprise simplifie ainsi la compréhension des images et permet aux professionnels de santé de simuler et définir un acte thérapeutique précis et adapté. Une innovation fruit de plus de 15 ans de recherche de l’Institut de Recherche contre les Cancers de l’Appareil Digestif à Strasbourg, qui sauve des vies dans le monde entier. Rencontre avec le Professeur Luc Soler, président.
Visible Patient
  • Pour les personnes qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous nous expliquer l’activité de votre entreprise ? Qui êtes-vous, que faites-vous ?

 

Luc Soler : Visible Patient est un laboratoire d’analyse d’images médicales en ligne, qui transforme une image issue d’un scanner ou d’une IRM en un double 3D des organes. 
Cette modélisation de l’organe assure au professionnel de santé une compréhension simplifiée de l’anatomie du patient et de ses variations, et donne une estimation précise des volumes dévascularisés. Elle permet ainsi d’éviter les erreurs d’interprétation des images médicales et de simuler ou définir simplement l’acte thérapeutique idéal.
L’analyse des images est réalisée à l’aide de logiciels développés par Visible Patient. Ces logiciels reposent sur des technologies fondées sur l’intelligence artificielle notamment, protégées par de multiples brevets et marques. 

Notre service de modélisation est le seul pris en charge par un très grand nombre de mutuelles et d’assurances santé en France, et est délivré dans plus de 20 pays dans le monde.
Il est par ailleurs distribué par la société Johnson&Johnson, suite à la signature d’un contrat de partenariat marketing et vente exclusif en septembre 2020. 

Visible Patient est une deeptech et une medtech créée en 2013 et fruit de plus de 15 ans de recherche de l’Institut de Recherche contre les Cancers de l’Appareil Digestif à Strasbourg. 
Aujourd’hui notre société compte 50 collaborateurs.  

 

  • Quelle est votre dernière innovation ? Ou l’innovation dont vous êtes le plus fier ?

 

L. S. : Notre dernière innovation est un nouvel algorithme de traitement des images médicales scanner ou IRM des poumons, du foie, du pancréas, des reins ou du côlon, permettant d’extraire automatiquement une modélisation 3D des structures anatomiques et pathologiques d’un patient. En comparaison de nos algorithmes précédents, celui-ci utilise une technologie d’intelligence artificielle innovante que nous avons breveté à base de réseaux de neurones.

Mais nous sommes également très fiers de notre modèle économique innovant et atypique qui, grâce à une prise en charge à 100 % de notre solution par certaines mutuelles et assurances santé, permet à plus de 50 % de la population Française de pouvoir bénéficier de nos innovations technologiques.  

 

  • Quels sont vos projets phares du moment ?

 

L. S. : Plusieurs gros projets occupent actuellement les équipes de Visible Patient.

Tout d’abord nous poursuivons l’amélioration de nos solutions algorithmiques automatisées pour la modélisation 3D des pathologies du poumon, du foie, du pancréas, du rein et du côlon. Ce projet est mené en partenariat avec l’université de Strasbourg.
En parallèle, nous développons un indice – breveté - permettant d’évaluer la gravité de l’atteinte pulmonaire d’un patient (dans le cadre d’une infection par le Covid19 par exemple), par l’analyse automatisée de ses images médicales. Nous sommes en ce moment en phase de validation de l’efficacité de cette solution. Ce projet est développé en partenariat avec les Hôpitaux universitaire de Strasbourg.
Enfin, nous travaillons sur un nouvel algorithme dédié à la modélisation 3D des endométrioses et plus généralement du pelvis. Ce projet est développé en partenariat avec deux équipes de chirurgie gynécologique de l’université de Strasbourg et de Bordeaux.

 

  • Quelle est votre stratégie d’innovation et de propriété industrielle ?

 

L. S. : Notre stratégie d'innovation repose sur une équipe R&D composée de docteurs, d'ingénieurs et de doctorants en informatique, associée à des chirurgiens utilisateurs des solutions, mais aussi à des partenaires issus de la recherche publique (CNAM et université de Strasbourg). 

Afin de protéger nos innovations, nous avons par ailleurs mis en place une stratégie de propriété industrielle (PI) reposant sur plusieurs actions clés :

•    une analyse systématique du besoin de protection de toute nouvelle invention issue de nos recherches ;
•    l’utilisation d’enveloppes Soleau lorsque nous avons des résultats préliminaires à forte valeur ajoutée et qu’une divulgation à une tierce partie est rendue nécessaire ;
•    l’utilisation de dépôt en "Previsional" américain sur certains brevets avant publication pour un journal ou un congrès ;
•    le dépôt de brevets en Europe puis l’extension PCT dans de nombreux pays (Europe, USA, Canada, Japon, Chine, Inde, Russie et Brésil) ;
•    la protection de nos marques dans de nombreux pays (France, Europe, Royaume-Uni, Suisse, USA, Canada, Japon, Chine, Russie, Brésil, Corée du sud, Australie, Nouvelle Zélande et Taiwan) et le suivi de ces marques ;
•    l’enregistrement du code source à l'Agence pour la protection des programmes ;
•    et le secret industriel sur certains éléments non protégeables.

Nous rémunérons également chaque employé de la société co-auteur d’un brevet, selon les termes de son contrat. 

 

  • Que représente pour vous cette nomination aux Trophées INPI ?

 

L. S. : Etre nominé aux Trophées INPI est une reconnaissance des efforts réalisés par chaque membre de la société pour garantir la protection de nos innovations, et de l’excellence du travail que nous avons mené dans ce sens en matière de propriété industrielle.
Cette nomination représente également un véritable atout supplémentaire vis-à-vis de nos investisseurs présents et futurs, et permet de mettre en lumière l’importance que revêt la PI pour le développement d’une entreprise. 
Enfin cela nous donne une occasion supplémentaire de remercier nos partenaires académiques qui ont contribué à nos inventions (l’IRCAD, l’université de Strasbourg ou encore le CNAM), mais aussi l’INPI qui nous a aidé à former nos équipes et à mettre en place une stratégie de protection éclairée et solide, et enfin le cabinet NUSS qui nous accompagne au quotidien dans la rédaction, la soumission, le suivi et le contrôle de nos dépôts de brevets et de marques. 

 

  • Vous avez bénéficié de plusieurs prestations proposées par l’INPI. Pouvez-vous nous en dire plus ? Et que vous ont-elles apporté ? 

 

L. S. : L’INPI nous accompagne depuis le premier jour, puisque notre première démarche a été de rechercher un nom de société qui n’était pas encore déposé et d’en assurer la protection. Depuis, nous avons des échanges réguliers avec un chargé d’affaires qui nous accompagne dans notre réflexion de stratégie PI.
L’ensemble du personnel a par ailleurs été formé à la propriété industrielle, à l’occasion d’une Master Class PI délivrée par l’INPI. Aujourd’hui, chaque membre de la société a conscience de l’importance de cet enjeu et est un acteur de la PI. Cette formation de quelques jours nous a permis, et nous permet encore aujourd’hui, de démontrer aux investisseurs que c’est un sujet que nous maitrisons et que notre stratégie de protection est robuste. Des arguments déterminants, sans lesquels nous ne serions parvenus ni à réaliser notre seconde levée de fonds, ni à signer un partenariat avec la société Johnson&Johnson. 

Chiffres clés * :
  • Date de création : 2013
  • Effectif : 50 collaborateurs 
  • Budget R&D : 1M € 
  • Budget PI : 10 % du budget R&D, soit 100K €

 

Portefeuille de titres : 

  • Brevets : 20
  • Marques : 20

 

* déclaratif entreprise