• Pour les personnes qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous nous expliquer l’activité de votre entreprise ? Qui êtes-vous, que faites-vous ? 

David Daudé : Gene&GreenTK est une société de biotechnologies spécialisée dans le développement d’enzymes très robustes - découvertes dans des sources d'eau chaude du Vésuve -, capables de constituer des alternatives aux antibiotiques et antimicrobiens, et dont l’utilisation ne pose pas le problème de l’augmentation de la résistance des bactéries. Nos technologies permettent de lutter contre les bactéries dans les domaines de la santé animale et de l'agriculture, mais aussi de bloquer la formation de biofilms dans les eaux industrielles.
En parallèle, nous avons également développé des enzymes capables de dégrader très efficacement les gaz neurotoxiques comme le sarin. Une technologie très prometteuse pour se protéger contre la menace chimique.

Créée en 2013, Gene&GreenTK est une spin-off de la recherche académique de l’Université d’Aix-Marseille et bénéficie d’un hébergement privilégié au sein du IHU Méditerranée Infection de Marseille. Grâce à cet environnement de haut niveau scientifique, nous poursuivons ainsi nos activités de R&D pour développer de nouvelles innovations, valorisées par des brevets et publications scientifiques.
Nous bénéficions par ailleurs de nombreux soutiens publics (ANR, BPI iLAB, ADEME iNov, PIA3, DGA) pour valider le potentiel de notre technologie de rupture. 

En janvier 2021, nous avons intégré le groupe industriel français Proxis Développement pour transformer nos innovations en produits commerciaux et accéder aux marchés. Le groupe Proxis est constitué d’environ 750 collaborateurs pour un chiffre d’affaires global d’environ 220 M€ en 2022.

• Quelle est votre dernière innovation ? Ou l’innovation dont vous êtes le plus fier ?

D. D. : Nos enzymes antibactériennes constituent une réelle approche de rupture dans la lutte contre les infections. Cette stratégie est résolument innovante puisqu’elle vise non pas à tuer les bactéries, comme le font les approches traditionnelles - responsables de problèmes de résistance, comme les antibiotiques par exemple -, mais cible un système de communication naturel (le quorum sensing) utilisé par les bactéries pour mettre en place la virulence. Grâce à ces enzymes, il est ainsi possible de maitriser la virulence des bactéries tout en préservant la biodiversité. C’est une avancée dont nous sommes très fiers.

• Quel est votre projet phare du moment ?

D. D. : Notre principal projet du moment consiste à développer les applications de notre technologie antibactérienne dans trois secteurs en priorité : 
-    La nutrition animale, pour réduire les antibiotiques dans les élevages
-    L’agriculture, pour remplacer les produits phytopharmaceutiques
-    Le traitement de l’eau, pour lutter contre les biofilms bactériens

• Quelle est votre stratégie d’innovation et de propriété industrielle ?

D. D. : Innover fait partie de notre ADN et constitue le fil conducteur de notre développement. Gene&GreenTK s'appuie sur une équipe scientifique compétente et pluridisciplinaire pour découvrir des enzymes à fort potentiel biotechnologique. Les enzymes issues de la biodiversité naturelle n'étant pas nécessairement toutes adaptées à des applications industrielles, l'équipe s'intéresse à des enzymes provenant de micro-organismes issus d'environnement extrêmes, comme les sources d'eau chaude du Vésuve. Ces enzymes sont très stables et compatibles avec les contraintes d'industrialisation. Toutefois, elles sont des molécules naturelles, qui en tant que telles ne peuvent faire l'objet d'un dépôt de brevet. Pour pallier cela et grâce à un large savoir-faire en ingénierie génétique, nous avons développé des enzymes mutées aux propriétés améliorées, que nous avons alors pu protéger par des brevets. 
Nos brevets participent de l’actif de la société et permettent de « matérialiser » nos innovations technologiques. Certains pourront être exploités directement ou via des licences par secteurs d'applications à des partenaires industriels. C’est par ailleurs grâce à la solidité de notre portefeuille de brevets que nous avons convaincu le groupe Proxis Développement d’investir dans la société.

• Que représente pour vous cette nomination aux Trophées INPI ?

D. D. : Cette nomination aux Trophées INPI récompense notre politique d’innovation. 
C’est aussi par ricochet une récompense pour l’écosystème académique marseillais, dont l’excellence nous a permis de concrétiser ces technologies de rupture : incubateur Impulse, pôle Eurobiomed, SATT Sud-Est, Région Sud, PACA Emergence, BPI….

• Vous avez bénéficié de plusieurs prestations proposées par l’INPI. Pouvez-vous nous en dire plus ? Et que vous ont-elles apporté ? 

D. D. : L’accompagnement de l’INPI et les prestations dont nous avons bénéficié, notamment le programme start-up, nous ont permis de gagner en expertise et en maturité sur tous les aspects liés à la propriété industrielle (marques, brevets, collaborations…).
Grâce au Pass PI, une aide financière proposée par l’INPI, nous avons pu être accompagnés par un cabinet spécialisé lors de nos discussions avec un groupe industriel. Grâce à ce sérieux et ce professionnalisme, nos discussions se sont finalement conclues par une prise de participation au capital de Gene&GreenTK par l’industriel en question. 
Le soutien de l’INPI a ainsi été un élément déterminent dans l’évolution de la start-up et a accéléré la mue d’une jeune équipe de recherche en une société d’innovation résolument tournée vers l’industrialisation.