DualSun : des panneaux solaires hybrides au service de la révolution verte
Proposer des panneaux solaires inédits qui permettent de produire à la fois de l’électricité et de la chaleur, tel est le pari relevé depuis 2010 par DualSun, une entreprise marseillaise. Après une phase de recherche et développement, la PME mise sur l’innovation pour se démarquer sur un marché en pleine révolution et compte bien contribuer à la révolution verte à venir, comme nous le raconte sa cofondatrice et directrice de l’innovation, Laetitia Brottier.
À l’issue de ses études d’ingénieur à Centrale Paris, Laetitia Brottier a une intuition, née lors d’un stage de recherche au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives). Jusqu’alors, les panneaux solaires servaient à produire soit de l’électricité (panneaux photovoltaïques), soit de la chaleur (panneaux thermiques). Pour bénéficier des deux énergies, il était nécessaire de juxtaposer des panneaux différents. Non seulement le coût était important, mais cette solution pouvait poser des problèmes d’espace, notamment sur les surfaces d’exposition réduites. « J’ai compris qu’il y avait un potentiel avec l’hybridation des deux technologies sur les mêmes mètres carrés de surface d’une toiture, explique Laetitia Brottier. Dans mon cursus de génie énergétique, j’avais eu l’occasion d’étudier de manière approfondie le refroidissement des matières. Il m’a paru intelligent de pousser ces réflexions à propos du refroidissement des cellules photovoltaïques. » Elle s’associe alors à un autre centralien, Jérôme Mouterde, spécialisé lui en génie civil et qui possède déjà des contacts privilégiés avec de nombreux acteurs du bâtiment. Ensemble, ils fondent DualSun en 2010 en faisant le pari de trouver la solution technologique nécessaire à cette hybridation.
Un défi technologique
« Nous n’étions pas les seuls à avoir eu cette idée, et nous nous sommes tous heurtés à une vraie difficulté technologique dès la phase de maquettage puis de prototypage à propos du design de l’échangeur (la partie thermique du panneau) : il était nécessaire de trouver les bons matériaux mais aussi le moyen de fixation qui permettent de récupérer la chaleur émise par les cellules photovoltaïques par contact. De plus, nous voulions mettre au point un produit qui puisse se monter aussi facilement que des panneaux photovoltaïques classiques, sans que l’installateur ne possède nécessairement des connaissances pointues de plomberie. Il faut alors près de trois ans à la start-up marseillaise pour aboutir au prototype préindustriel. Elle bénéficie au fur et à mesure d’un certain nombre d’aides financières :
« Nous étions très jeunes, personne n’allait prendre le risque de nous donner d’emblée les 2 millions d’euros qui ont été nécessaires pour réaliser ce projet. Nous avons d’abord reçu 7 000 euros via une PTR (Prestation Technologique Réseau) de Bpifrance, puis petit à petit d’autres financements sont arrivés : des prêts donneurs aux entreprises, des aides régionales ou des aides de la BPI. Mis bout à bout, tous ces petits pas nous ont permis de faire un grand bond en avant ». Fin 2013, le premier panneau DualSun est effectivement lancé commercialement, en même temps qu’il obtient les certifications « hybride » IEC et Solar Keymark. C’est la première entreprise au monde à les recevoir ! « Pour nous, c’était le Graal, explique Laetitia Brottier. Sans l’obtention de ces normes, nous aurions très bien pu commercialiser les panneaux mais les polices d’assurance des installateurs n’auraient pas pu jouer, nous aurions alors dû assurer nous-mêmes nos panneaux. De plus, les particuliers, qui constituaient à l’époque l’essentiel de nos clients, n’auraient pas pu bénéficier des crédits d’impôt sur nos produits. »
« Nous n’étions pas les seuls à avoir eu cette idée, et nous nous sommes tous heurtés à une vraie difficulté technologique dès la phase de maquettage puis de prototypage à propos du design de l’échangeur (la partie thermique du panneau) : il était nécessaire de trouver les bons matériaux mais aussi le moyen de fixation qui permettent de récupérer la chaleur émise par les cellules photovoltaïques par contact. De plus, nous voulions mettre au point un produit qui puisse se monter aussi facilement que des panneaux photovoltaïques classiques, sans que l’installateur ne possède nécessairement des connaissances pointues de plomberie. Il faut alors près de trois ans à la start-up marseillaise pour aboutir au prototype préindustriel. Elle bénéficie au fur et à mesure d’un certain nombre d’aides financières :
« Nous étions très jeunes, personne n’allait prendre le risque de nous donner d’emblée les 2 millions d’euros qui ont été nécessaires pour réaliser ce projet. Nous avons d’abord reçu 7 000 euros via une PTR (Prestation Technologique Réseau) de Bpifrance, puis petit à petit d’autres financements sont arrivés : des prêts donneurs aux entreprises, des aides régionales ou des aides de la BPI. Mis bout à bout, tous ces petits pas nous ont permis de faire un grand bond en avant ». Fin 2013, le premier panneau DualSun est effectivement lancé commercialement, en même temps qu’il obtient les certifications « hybride » IEC et Solar Keymark. C’est la première entreprise au monde à les recevoir ! « Pour nous, c’était le Graal, explique Laetitia Brottier. Sans l’obtention de ces normes, nous aurions très bien pu commercialiser les panneaux mais les polices d’assurance des installateurs n’auraient pas pu jouer, nous aurions alors dû assurer nous-mêmes nos panneaux. De plus, les particuliers, qui constituaient à l’époque l’essentiel de nos clients, n’auraient pas pu bénéficier des crédits d’impôt sur nos produits. »
Se démarquer par l’innovation
Trois ans plus tard, DualSun intervient désormais également auprès des équipements collectifs aux besoins en eau chaude importants comme des piscines municipales, hôtels, campings, ou hôpitaux. Début 2017, la start-up a même lancé une deuxième génération de panneaux destinés à des installations qui lui a permis d’élargir sa gamme d’utilisation avec des installations de piscine ou de thermosiphon. Déjà présente en Italie et en Suisse, la PME provençale espère s’étendre vers d’autres marchés européens. Mais elle doit désormais compter sur une concurrence croissante : une cinquantaine d’industriels ont eux aussi développé des technologies hybrides, sachant que seule une dizaine d’entre eux a obtenu les fameuses certifications. « Nos concurrents ont développé des solutions technologiques différentes de la nôtre, commente Laetitia Brottier. La technologie est difficile à maîtriser, si le matériau de l’échangeur n’est pas adapté ou si le panneau a une température maximale mal réfléchie, cela peut favoriser un vieillissement prématuré de celui-ci. C’est sur ce point que nous cherchons à nous démarquer. Nous offrons une garantie de performance sur 25 ans sur nos panneaux solaires, ce qui est la norme pour les panneaux photovoltaïques mais pas pour les thermiques. » Au cœur de la stratégie de l’entreprise, l’innovation et sa protection font l’objet d’un suivi rigoureux. Laetitia Brottier assure notamment le suivi des brevets : « Nous brevetons systématiquement les innovations clés liées à nos panneaux. Nous avons choisi, dans le cadre du PCT [Traité de coopération en matière de brevets – NDLR], de passer par la France. Ainsi, entre la demande de dépôt et l’aboutissement de la phase internationale, il s’écoule environ un an au cours duquel nous avons la possibilité d’éprouver la force de notre brevet, et, le cas échéant, de faire les démarches de dépôts auprès d’un pays en particulier ou d’une région. À notre échelle de PME, ces coûts sont importants et nous imposent d’avancer en même temps que les marchés que nous abordons. Dans cette phase stratégique, l’INPI nous offre des conseils sur la nécessité de déposer ou non un brevet ou bien en cas de contestation de l’antériorité d’un brevet similaire ».
Trois ans plus tard, DualSun intervient désormais également auprès des équipements collectifs aux besoins en eau chaude importants comme des piscines municipales, hôtels, campings, ou hôpitaux. Début 2017, la start-up a même lancé une deuxième génération de panneaux destinés à des installations qui lui a permis d’élargir sa gamme d’utilisation avec des installations de piscine ou de thermosiphon. Déjà présente en Italie et en Suisse, la PME provençale espère s’étendre vers d’autres marchés européens. Mais elle doit désormais compter sur une concurrence croissante : une cinquantaine d’industriels ont eux aussi développé des technologies hybrides, sachant que seule une dizaine d’entre eux a obtenu les fameuses certifications. « Nos concurrents ont développé des solutions technologiques différentes de la nôtre, commente Laetitia Brottier. La technologie est difficile à maîtriser, si le matériau de l’échangeur n’est pas adapté ou si le panneau a une température maximale mal réfléchie, cela peut favoriser un vieillissement prématuré de celui-ci. C’est sur ce point que nous cherchons à nous démarquer. Nous offrons une garantie de performance sur 25 ans sur nos panneaux solaires, ce qui est la norme pour les panneaux photovoltaïques mais pas pour les thermiques. » Au cœur de la stratégie de l’entreprise, l’innovation et sa protection font l’objet d’un suivi rigoureux. Laetitia Brottier assure notamment le suivi des brevets : « Nous brevetons systématiquement les innovations clés liées à nos panneaux. Nous avons choisi, dans le cadre du PCT [Traité de coopération en matière de brevets – NDLR], de passer par la France. Ainsi, entre la demande de dépôt et l’aboutissement de la phase internationale, il s’écoule environ un an au cours duquel nous avons la possibilité d’éprouver la force de notre brevet, et, le cas échéant, de faire les démarches de dépôts auprès d’un pays en particulier ou d’une région. À notre échelle de PME, ces coûts sont importants et nous imposent d’avancer en même temps que les marchés que nous abordons. Dans cette phase stratégique, l’INPI nous offre des conseils sur la nécessité de déposer ou non un brevet ou bien en cas de contestation de l’antériorité d’un brevet similaire ».
Vers une autonomie énergétique totale des bâtiments
Avec sa douzaine de salariés, une croissance exponentielle et des ventes qui devraient doubler en 2017, DualSun illustre la révolution verte en cours. L’entreprise fait d’ailleurs partie du palmarès Fast 50 qui célèbre chaque année les 50 sociétés françaises à la croissance de chiffre d’affaires la plus forte. Si dans le monde, l’hybride ne représente qu’une part minimale des panneaux solaires (1 %), en France, il correspond environ à un tiers des installations photovoltaïques dans l’habitat individuel. Cette part devrait augmenter dans les années à venir car le label de construction bas carbone « E+ C-» deviendra la norme en 2020. À un horizon plus lointain, le marché ira certainement vers des bâtiments en autonomie énergétique complète. « Actuellement, l’autonomie à 100 % n’est envisageable que si l’on investit dans des systèmes de batteries encore très onéreux pour stocker l’énergie produite en journée. Il est donc plus rentable aujourd’hui de redistribuer à ses voisins l’énergie électrique via le réseau. Cependant, nous avons vu qu’en l’espace de dix à quinze ans, le panneau solaire est devenu un produit de grande consommation, accessible aux classes moyennes. On peut espérer la même évolution dans les quinze prochaines années avec les solutions de batteries électriques. À terme, nous espérons que les panneaux solaires se démocratiseront complètement. » Jérôme Mouterde et Laetitia Brottier misent aussi sur des services connectés qui permettent de mesurer sa consommation et sa production d’électricité. Car les deux fondateurs de DualSun sont convaincus que la révolution verte passe par l’innovation et qu’elle n’est pas incompatible avec une production en France. « Bien entendu, nous pourrions produire nos panneaux solaires à moindre coût à l’étranger. Cependant, notre solution solaire reste moins onéreuse que la juxtaposition de panneaux photovoltaïques et thermiques. Mais pour le moment, nous avons souhaité valoriser notre innovation par une production en France, ce qui relève plus d’une éthique que d’un objectif de pure rentabilité », conclut Laetitia Brottier.
Avec sa douzaine de salariés, une croissance exponentielle et des ventes qui devraient doubler en 2017, DualSun illustre la révolution verte en cours. L’entreprise fait d’ailleurs partie du palmarès Fast 50 qui célèbre chaque année les 50 sociétés françaises à la croissance de chiffre d’affaires la plus forte. Si dans le monde, l’hybride ne représente qu’une part minimale des panneaux solaires (1 %), en France, il correspond environ à un tiers des installations photovoltaïques dans l’habitat individuel. Cette part devrait augmenter dans les années à venir car le label de construction bas carbone « E+ C-» deviendra la norme en 2020. À un horizon plus lointain, le marché ira certainement vers des bâtiments en autonomie énergétique complète. « Actuellement, l’autonomie à 100 % n’est envisageable que si l’on investit dans des systèmes de batteries encore très onéreux pour stocker l’énergie produite en journée. Il est donc plus rentable aujourd’hui de redistribuer à ses voisins l’énergie électrique via le réseau. Cependant, nous avons vu qu’en l’espace de dix à quinze ans, le panneau solaire est devenu un produit de grande consommation, accessible aux classes moyennes. On peut espérer la même évolution dans les quinze prochaines années avec les solutions de batteries électriques. À terme, nous espérons que les panneaux solaires se démocratiseront complètement. » Jérôme Mouterde et Laetitia Brottier misent aussi sur des services connectés qui permettent de mesurer sa consommation et sa production d’électricité. Car les deux fondateurs de DualSun sont convaincus que la révolution verte passe par l’innovation et qu’elle n’est pas incompatible avec une production en France. « Bien entendu, nous pourrions produire nos panneaux solaires à moindre coût à l’étranger. Cependant, notre solution solaire reste moins onéreuse que la juxtaposition de panneaux photovoltaïques et thermiques. Mais pour le moment, nous avons souhaité valoriser notre innovation par une production en France, ce qui relève plus d’une éthique que d’un objectif de pure rentabilité », conclut Laetitia Brottier.