ExpliSeat : les sièges d’avion les plus légers au monde !
> Pouvez-vous nous présenter votre activité en quelques mots ?
Benjamin Saada : Nous sommes un fabricant de sièges de transport ultra-légers, principalement des sièges d’avion aujourd’hui. Ces derniers sont des organes de sécurité essentiels — ils doivent donc répondre à des contraintes techniques phénoménales en termes de résistance mécanique et d’absorption d’énergie —, mais aussi le point de contact principal du passager qui a besoin, autant que possible, d’espace et de confort. Les modèles classiques de sièges sont faits sur la base d’une architecture métallique à laquelle s’ajoutent d’autres pièces de métal. Ils pèsent en moyenne 10 à 12 kilos et représentent 10 % de la masse d’un avion au décollage, ce qui n’est pas sans incidence sur la consommation de carburant et la capacité de transport (au regard du poids maximum possible). Nous avons créé notre entreprise en 2011, en partant d’une page blanche, avec un objectif extrêmement précis, mais sans idées préconçues sur la manière d’y parvenir : comment alléger les sièges sans recourir aux pièces métalliques ? Et nous avons réussi ! Nous sommes la première entreprise au monde à proposer un siège certifié en composite, qui intègre du titane. Nos sièges pèsent 4 à 5 kilos. Alléger le poids des sièges et donc in fine de l’avion présente deux avantages majeurs : environnemental déjà, puisqu’à nombre de passagers égal, la performance énergétique est meilleure ; mais aussi en termes de développement territorial et de connectivité physique entre aéroports lorsque cela permet de prendre plus de passagers ou de fret. On ne se rend pas forcément compte vu de France, mais dans de nombreux pays ou régions, faute de routes, il est plus facile et parfois même obligatoire de prendre l’avion pour aller d’un point A à un point B. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous équipons les compagnies aériennes de Polynésie, des Philippines, du Nicaragua ou des Maldives, mais aussi beaucoup au Canada et aux États-Unis.
> Que représente pour vous cette nomination aux Trophées INPI ?
B. S. : Nous en sommes fiers ! En tant qu’entreprise française, qui a bénéficié du patrimoine technologique du pays, nous tenions à deux choses : fabriquer nos sièges localement et les exporter partout dans le monde, ce qui passe par la protection de nos innovations. Nous avons donc beaucoup investi dans la propriété intellectuelle. Cette nomination est une forme de récompense de cette politique.
> Vous êtes nominé dans la catégorie design, quelle est votre stratégie en la matière ?
B. S. : Nos sièges sont le fruit d’une stratégie d’innovation globale qui passe à la fois par le design, la technique — ce qui concerne aussi bien la structure que les matériaux —, et les processus de fabrication. Ces derniers relèvent plutôt du secret, le reste fait l’objet de 18 brevets en France et leurs équivalents internationaux. En termes de design, nous avons une politique à deux étages : nous travaillons de notre côté sur le design structurel et en co-création avec des partenaires sur les sièges pour offrir ce qui se fait de meilleur dans la mobilité aujourd’hui. Nous avons d’ailleurs co-créé un siège avec le Peugeot Design Lab. En ce qui concerne les dessins et modèles, les dépôts concernent nos clients puisque ce sont les compagnies aériennes qui personnalisent les sièges.
> Le thème de cette édition est « Sacrés Français » : qu’est-ce que cela vous inspire ? Vous reconnaissez-vous dans cette expression ?
B. S. : Le choix de développer notre entreprise en France aurait pu être affectif, nous sommes heureux d’être ici, mais il est avant tout rationnel ! La France est l’un des pays les plus riches sur le plan du patrimoine industriel et technologique. C’est le fruit d’un système éducatif performant et d’une histoire industrielle forte. C’est particulièrement vrai dans notre secteur puisque nous fêtons les 50 ans de l’aéronautique et les 100 ans de l’automobile.