• Pour les gens qui ne vous connaitraient pas, pouvez-vous nous expliquer l’activité de votre entreprise ?

Jean-Yves Gomez : Isorg est la première société au monde à concevoir des capteurs photoniques basés sur l’électronique organique. Pour cela, nous avons, depuis notre création en 2010, beaucoup investi dans le développement de matériaux organiques, de procédés de déposition par impression, ainsi que dans les circuits intégrés et les algorithmes d’imagerie.

Le nombre d’applications possibles est gigantesque, mais nous avons fait le choix de nous concentrer sur l’imagerie d’empreintes digitales de grande surface, non seulement pour la téléphonie mobile mais aussi pour les applications professionnelles : police, contrôle d’accès, sécurité aux frontières, vérification d’identité, imagerie médicale X-ray …  Nous avons récemment obtenu la certification du FBI sur notre module dédié aux applications de sécurité biométrique. Le capteur Isorg est le premier capteur organique au monde ayant reçu la certification du bureau fédéral d’enquête américain. Cette étape est indispensable pour accéder aux marchés des applications de sécurité visés. Elle témoigne de tous les efforts accomplis pour le développement de la technologie.

Après 10 ans de recherche et de mise au point de notre technologie et de nos applications, nous sommes aujourd’hui en phase d’industrialisation et devrions débuter la commercialisation courant 2022.

• Quelle est votre stratégie d’innovation et de propriété industrielle ? A-t-elle contribué à votre croissance, à votre développement à l’export ? Vous a-t-elle permis de nouer de nouveaux partenariats ou encore de rassurer des investisseurs ?

J-Y. G. : Notre stratégie d’innovation comporte plusieurs axes de développement : matériaux, procédés, optiques et applications. Ce choix stratégique nous permet de présenter une solution complète vis-à-vis d’une application donnée et de maîtriser l’intégralité de la chaîne applicative.

Lors de la phase de développement des procédés, une grande partie des innovations était restée secrète. C’est à partir de 2017, lorsque nous avons fixé les applications et les marchés sur lesquels nous voulions déployer notre technologie, que nous avons breveté nos innovations.

La propriété industrielle (PI) nous a permis de nous protéger face à une concurrence parfois peu scrupuleuse aux vus des enjeux de business sur ces marchés, mais aussi de mesurer la qualité de nos développements et de démontrer à nos investisseurs notre avance technologique. Les marchés visés sont par ailleurs des marchés existants, sur lesquels notre technologie permet d’outrepasser un verrou technologique.  De nouveaux cas d’usage peuvent ainsi être imaginés par l’utilisateur final. La protection de nos innovations nous permet en ce sens de considérer nos développements sous le signe de la compétitivité technologique : que font nos concurrents ? Nos brevets sont-ils cités dans les rapports de recherche ?

La propriété intellectuelle représente la clef de voûte de notre développement.

• Que représente pour vous cette nomination aux Trophées INPI ?

J-Y. G. : Depuis la création de la société, la propriété industrielle fait partie de notre stratégie d’innovation et de croissance. Cette nomination aux Trophées INPI est pour tous les collaborateurs d’Isorg qui ont participé de près ou de loin au développement de notre technologie, une reconnaissance hors-norme, une validation des efforts de groupe. Cela nous encourage à continuer.

• Avez-vous un conseil à donner aux entrepreneurs, dans le domaine de la propriété industrielle ?

J-Y. G. : Tout au long de ma carrière j’ai utilisé la propriété intellectuelle comme un outil de protection permettant d’envisager les différentes phases de croissance d’une entreprise, de pénétrer de nouveaux marchés, et de répondre à des besoins de capitaux. Le conseil que j’aimerais donner est d’utiliser la propriété intellectuelle de façon différente suivant l’objectif recherché, de la considérer non pas comme une liste de brevets statique, mais comme quelque chose de vivant, qu’il faut faire évoluer dans le temps.