Fondasol : « La Master Class PI nous a permis de définir notre politique de R&D et d’innovation »
> Pour quelles raisons Fondasol a-t-elle eu recours à la Master Class PI de l’INPI ?
Olivier Sorin : Elle nous a été initialement proposée par la déléguée régionale de la région PACA auprès de l’INPI. La géotechnique est une filière particulière : c’est une activité de niche assez méconnue qui représente un petit marché d’environ 650 millions d’euros par an en France. Elle est morcelée en termes d’acteurs et travaille sur des référentiels très normés reposant sur des essais qui datent des années 50 et qui évoluent assez peu avec les nouvelles technologies. La dernière avancée fondamentale qu’a connue la géotechnique remonte à l’introduction de l’outil informatique qui a remplacé les relevés manuels. De fait, notre domaine ne nous pousse pas forcément naturellement à aller vers l’innovation. C’est plutôt elle qui jusqu’à présent venait à nous. Avoir recours à la formation de l’INPI relevait d’une volonté de sortir d’un mode de fonctionnement trop autarcique et de nous ouvrir à d’autres univers susceptibles de nous enrichir.
Michel Rispal : Par ailleurs, depuis toujours, nous faisons de la R&D et développons nos propres outils de mesure, parfois en collaboration avec certains de nos fournisseurs, mais sans le souci de fixer les innovations apportées. Très souvent, les accords avec nos partenaires étaient oraux. La formation avait donc également pour objectif de nous permettre de formaliser l’ensemble de ces procédures.
> Qu’est-ce que la formation a apporté à chacun de vous ?
M. R. : Elle était déclinée en plusieurs modules thématiques portant sur les différents aspects de la propriété intellectuelle, à la fois d’un point de vue technique, juridique et administratif. En tant que directeur du service matériel, c’est moi qui ai suivi la majorité de ces modules, même si, de fait, les enseignements d’une telle formation touchaient l’ensemble de notre structure.
O. S. : Au-delà des notions juridiques, la formation nous a également fourni une définition de la R&D et de l’innovation. Elle nous a appris à nous interroger de manière plus systématique sur les évolutions que nous apportons à nos outils ou nos pratiques : y a-t-il une opportunité de déposer un brevet ? Dans le cadre du co-développement d’une solution commune avec l’un de nos partenaires, comment protéger notre part de propriété intellectuelle ? Faut-il ou non rédiger un contrat ? Autant de sujets sur lesquels nous étions peut-être parfois un peu trop naïfs.
> Justement, quelles ont été les conséquences pratiques de la formation pour Fondasol ?
M. R. : Depuis, nous avons déposé un premier brevet sur un pressiomètre autoforeur et nous utilisons régulièrement l’enveloppe Soleau quand viennent de nouvelles idées. Nous avons aussi systématiquement recours aux contrats de collaboration dès que nous travaillons avec nos partenaires à l’élaboration de nouveaux outils. Nous établissons des cahiers des charges précis et envisageons les recours en cas de manquement d’un côté ou de l’autre. Par ailleurs, notre R&D s’est structurée en un service dont j’ai la responsabilité aujourd’hui.
O. S. : Nous avons effectivement établi une politique de recherche et développement portant à la fois sur des projets et des outils. Cette stratégie nous permet de poursuivre notre ouverture vers l’extérieur. Nous avons ainsi un projet de développement en cours de labellisation par le pôle de compétitivité de la région PACA Capenergies. Nous échangeons également avec de grands partenaires industriels comme l’IFPEN (IFP Énergies nouvelles, l’ancien Institut Français du Pétrole, NDLR) et collaborons désormais avec des universités. Ces évolutions nous obligent à nous structurer administrativement. Jusqu’ici, nous financions toujours nos recherches sur nos fonds propres. À présent, nous cherchons systématiquement à déterminer si un projet est susceptible de rentrer dans une autre sphère comptable et de nous donner accès à d’autres financements ou subventions.
> Cette redéfinition de votre politique d’innovation vous permet-elle aujourd’hui d’aborder de nouveaux marchés ?
O. S. : Jusqu’à récemment, notre activité s’était développée autour de normes françaises, ce qui a longtemps été un frein à l’export de notre savoir-faire à l’étranger. Pour toutes les nouvelles techniques que nous développons aujourd’hui, nous faisons en sorte qu’elles soient adaptables à d’autres modèles de normes et donc exportables. Nous collaborons avec Controlab, un spécialiste des équipements de laboratoire très tourné vers l’international, ce qui nous permet de bénéficier de leur expérience sur des marchés que nous ne connaissons pas et d’adopter les bons réflexes dans l’objectif de commercialiser nos solutions. Cette association de compétences devrait nous aider demain à réaliser des audits de matériel, notamment pour le compte de laboratoires de géotechnique en Afrique, mais également à assurer des formations. Dans le domaine de la géotechnique, il existe une grande appétence vis-à-vis de la formation venant d’Europe. Nous espérons donc bien en profiter pour nous ouvrir de plus en plus à l’international.